En fin de journée, Amaury frappa discrètement à la porte de Charlotte pour l’informer qu’une collation serait servie avant les festivités nocturnes clôturées par un bal.
« Rien à voir avec notre grand bal précisa-t-il. Ce sera juste un point d’orgue musical pour glorifier le journée Rouge-Gorge riche en émotions ».
Charlotte choisit une toilette élégante et sobre mais lorsqu’elle arriva à la table du banquet, force fut de constater que son éclat était en parfaite harmonie avec la féerie des vendanges.
« La fée des vendanges, voilà ce que vous serez désormais » dit Henry Noblecourt, maître tisserand en soieries.
Il l’invita à danser une gavotte et tous deux s’en donnèrent à cœur joie, heureux de s’adapter à un rythme entraînant pour célébrer de magnifiques vendanges.
Les danses se succédèrent.
Amaury était très sollicité et il voyait avec plaisir que Charlotte prenait du bon temps avec son plus célèbre invité.
Cependant, lors d’un tango voluptueux, Henry devint entreprenant, murmurant des mots d’amour à l’adresse de sa cavalière.
Charlotte luttait pour rester sage et digne de son prince maître de chai.
Elle finit néanmoins par s’abandonner dans les bras vigoureux de son prétendant.
« Vous deviendrez la reine de la soie lui disait-il et vous ne broderez des gilets princiers que pour moi ».
L’offre était tentante. Quitter son îlot de pauvreté et devenir une femme enviée, vivant dans le velours, la soie et les fleurs, il y avait de quoi rêver !
Au moment où Charlotte était sur le point de recevoir un baiser de son cavalier, l’ara qu’elle avait brodé sur le gilet d’ Amaury s’échappa du tissu précieux, laissant derrière lui quelques gouttes de sang, s’en prit aux yeux du voleur de fiancée.
Henry Noblecourt quitta sa cavalière et regagna sa calèche en ordonnant à son cocher de fouetter les chevaux pour quitter au plus vite l’endroit maudit.
Soulagé par ce sortilège, Amaury enlaça sa belle Charlotte et l’embrassa passionnément en l’assurant qu’elle serait heureuse à ses côtés.
L’émotion envahit Charlotte et elle répondit aux baisers pleins d’amour de celui qu’elle considérait à présent comme son fiancé.
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