mardi 6 avril 2021

Ambre au destin de rose



Qui avait pu déposer cette adorable petite fille, un bébé vêtu de rose, reposant dans une nacelle en osier capitonnée d’organdi à volants, sur le parvis de l’église Saint- Michel à Fleur-Lez-Lys ?

Nul ne s’appesantit sur l’énigme car une femme en mal d’enfant, riche et autoritaire, dépêcha un serviteur pour lui ramener cette pépite, une enfant au teint doré à qui l’on donna le nom d’Ambre.

Ambre grandit en beauté et en intelligence. Une paire de chaussons de danse, un tutu et un boléro cache-cœur avaient été déposés dans un petit sac de lin brodé de roses près du couffin rappelant le moïse du petit hébreu, devenu proche du pharaon pour conduire ensuite son peuple à travers la mer rouge qui s’ouvrait comme un éventail.

Pour répondre au souhait de la mère, Albane, la maman adoptive, inscrivit la petite fille dans un cours de danse privé où Ambre révéla un véritable talent.

L’année de ses douze ans, Ambre se présenta au concours d’entrée des petits rats de l’opéra de Paris.

Pour la circonstance, elle arbora le tutu légué dans son berceau, mit les chaussons de danse et finit sa toilette de danse en revêtant le boléro en forme de cache-cœur.

Lorsqu’elle apparut, il y eut un frémissement parmi les membres du jury et l’une des danseuses patentées faillit s’évanouir d’émotion.

Elle était si jolie avec son petit chignon bien net que lorsqu’elle dansa sur un thème de Casse-Noisette, on crut voir un ange.

Cependant, le concours terminé, rhabillée de manière classique, chemisier à pois blancs, jupe plissée, veste d’uniforme du collège La Providence où elle était inscrite, chaussettes blanches et souliers vernis, elle attendit en vain la voiture avec chauffeur qui lui était consacrée.

Personne ne vint la chercher.

Serrant sur son cœur son costume de danseuse et ses chaussons, elle tâcha de se confondre avec la muraille du bâtiment où le concours avait eu lieu.

Une main ferme, rugueuse, saisit la sienne, un bandeau fut posé sur ses yeux et on l’emmena, sans prononcer un mot, en calèche tractée par des chevaux vigoureux.

On lui enleva le bandeau lorsque la calèche franchit un portique installé devant une grille en fer forgé , majestueuse, décorée par un blason où apparaissait une rose noire.

La calèche traversa un parc immense et soudain apparut une grande maison aux briques roses, un véritable château.

Le majordome guida Ambre dans les couloirs de marbre pour qu’elle fasse son entrée dans une salle où un immense piano occupait une place de choix.

«  Entre, petite, n’aie pas peur » dit une voix chaude et caressante et le jeune homme qui habillait magnifiquement la voix, attaqua magistralement la valse d’Eugène Onéguine.

Ambre sentit des fourmis dans les jambes. Avisant un paravent, elle se changea et improvisa une danse  adaptée à la valse, du bout de ses chaussons féeriques.

Et c’est ainsi que commença une incroyable idylle qui unit deux talents, celui d’une danseuse et d’un virtuose au grand cœur, Evgueni le Magnifique !

 

 

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