mardi 20 avril 2021

Séances de pose

 


Séances de pose

Après le départ de ses hôtes, Jeanine mit à profit le reste de la soirée pour confectionner un costume destiné à Petit Lotus.

Le patron réalisé, elle découpa des pièces dans des coupons de tweed et de soie puis se mit au travail : bâtis et finitions à la machine à coudre.

Satisfaite de cet ouvrage qui donnerait à l’enfant une toute autre apparence, elle se coucha et s’endormit en rêvant que l’on retrouvait la famille de Petit Lotus grâce aux séances de pose.

Florian crayonna discrètement quelques esquisses de l’enfant alors qu’il prenait un petit déjeuner tonique : grand bol de chicorée au lait crémeux, tartines de beurre, miel ou confiture de framboises du jardin, au choix ainsi qu’un grand verre de jus d’oranges pressées avec, en supplément, un œuf à la coque accompagné de ses mouillettes.

Petit Lotus mangea avec appétit puis il revêtit le joli costume que Jeanine lui avait confectionné.

Ainsi vêtu, il ressemblait au Petit Lord Fauntleroy, le héros du livre préféré de Jacky.

Son camarade et ami le trouvait beau, vêtu de cette manière et Jacky remercia sa mère d’avoir eu cette attention pleine de gentillesse pour un enfant égaré en ce bas monde.

Florian réalisa une belle aquarelle en insérant le portrait en pied dans un fond romantique qui mettait en valeur la beauté classique de l’enfant.

Ainsi vêtu et peint, il ne présentait aucun caractère asiatique et l’on pouvait se demander d’où lui venaient cette étrange alopécie et la robe orange à connotation bouddhiste.

Par ailleurs, Petit Lotus mangeait ce qu’on lui présentait et il semblait apprécier particulièrement les laitages, notamment les fromages.

Ne voulant pas imposer les séances de pose à un enfant, Florian rangea crayons et pinceaux puis il observa les jeux des deux amis qu’aucun barrage gestuel ou linguistique n’entravait.

Il reprit le chemin de son atelier après avoir remercié Jeanine de son bon accueil, de son café et de ses cupcakes au goût du jour, parfaitement réussis.

Il donna libre court à son inspiration face à une toile vierge.

Il créa un univers à l’ancienne pour mettre en valeur la beauté classique de Petit Lotus qui devait certainement avoir un nom de baptême divergent au vu de son apparence.

Jade et Albertine passèrent à l’atelier, félicitèrent Florian pour son travail et choisirent quelques esquisses de l’enfant pour les divulguer via les réseaux sociaux, policiers et médiatiques afin de récolter quelques renseignements précieux.

Florian demeura seul avec sa toile, réalisant une prouesse artistique de qualité.

Il s’interrompit pour marcher un peu au bord de l’étang, s’assit près du saule qui lui apportait toujours du réconfort, s’assoupit puis se réveilla en entendant une musique céleste.

Des jeunes gens formaient une ronde, la tête couronnée de fleurs et de lauriers.

Ils chantaient une chanson dont le refrain symbolisait l’union de la déesse Flore et de la terre aux semences de plus en plus difficiles et aléatoires.

«  Déesse Flore, nous t’implorons, règne en notre cœur et encourage la terre à produire les fruits dont nous avons besoin pour grandir et nous élever jusqu’aux cieux ».

La ronde s’éclipsa et Florian vit avec stupeur Petit Lotus d’Or, vêtu de sa longue robe orange, un lys blanc à la main, chanter un hymne à la louange des dieux, des humains et de tous les animaux dans une symbiose d’amour universel.

Florian tendit la main vers l’enfant mais il ne rencontra qu’un souffle de vent, ce qui l’amena à penser qu’il était victime d’une hallucination.

Il reprit la route vers son domaine, mangea rapidement et s’endormit en ayant le mystère au bord des cils.

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