Le vieux lion se meurt mais pour rester le roi de la jungle jusqu’à son dernier coup de griffe, il a restreint le cercle de ses partisans.
Il se traîne jusqu’au ruisseau pour boire et ses pauvres griffes ne lui donnent plus l’assurance de rester debout alors il rugit, faiblement comme un nouveau-né et il attend la mort paisiblement.
Il la regardera bien en face avant de fermer à jamais ses beaux yeux où dansent des flammes d’or.
Semblable à ce lion combatif et mourant, Johnny a usé de tous ses pouvoirs pour que son art et lui meurent en même temps.
Le lit envahi par les partitions, il a marqué çà et là un accord musical de sa griffe personnelle et il a travaillé à ce qui devait être son dernier spectacle avant le suivant.
Il en va ainsi pour la race des lutteurs : ils œuvrent jusqu’au bout pour que la limite du dernier acte soit toujours repoussée, dernières corrections, dernières lignes pour Marcel Proust, dernières gorgées d’eau pour le lion et pour Johnny, distinguo : il imagine une première, un rendez-vous avec le diable !
O vieux lions qui hantez la jungle de la vie, vivez jusqu’à la dernière seconde, servez-nous de modèle !
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