mardi 29 juin 2021

Les trois perles

 



Dans un royaume insulaire défendu par un rempart de constructions évoquant les sirènes, ornées de corail et de fleurs exotiques, des perles faisaient la renommée de leurs pêcheurs car elles étaient de trois couleurs, blanc nacré, noir et une couleur singulière que l’on baptisa don de Vénus.

La perle don de Vénus offrait un kaléidoscope de couleurs irisées évoquant la chair pulpeuse de la déesse.

C’était naturellement la plus prisée et lorsqu’elle disparut tout à coup, échappant aux filets miraculeux des pêcheurs de rêves, ce fut un événement ressenti à la manière d’une catastrophe.

Le roi Philéas promit une énorme récompense à qui lui rapporterait la perle divine et nombreux furent ceux qui se mirent sur les rangs des conquérants car il se disait sous le manteau que la récompense inédite, en plus des lingots d’or annoncés, consistait à l’offrande céleste de la main de la plus jeune des princesses dont la beauté était hors norme.

Un jeune pêcheur de corail prénommé Lilo aperçut au retour d’une fructueuse plongée, une sirène dont le cou était paré d’un collier de trois rangs de perles de Vénus.

Elle était élégamment juchée sur un rocher, une lyre à la main et elle chantait une mélodie ancienne avec tant de charme que Lilo se sentit attiré comme par un  aimant.

Il s’approcha de la merveilleuse créature, captivé et plein de désir.

La jolie sirène lui demanda un don de corail car elle souhaitait s’en parer.

Lilo lui tendit les plus beaux spécimens qu’il avait arrachés à l’océan. Pour le remercier, la sirène mit son joli collier de perles dans un sac tissé d’algues brunes et lui donna un baiser qui le remplit de confusion et de passion.

Puis elle plongea dans les flots en éclaboussant le jeune homme d’une vague d’écume qui se transforma en une frange de perles que Lilo ajouta au corail qui lui restait.

Lilo rentra chez lui plein d’ardeur et de joie et il cuisina une matelote de poissons frais, mangea et se doucha pour prendre un repos apaisé.

Son trésor, corail, collier de perles et perles de Vénus offertes par l’écume des vagues, fut mis soigneusement à l’abri dans un coffre en bois ciselé.

Le lendemain, il se présenta chez le roi Philéas et lui tendit le coffre.

Le roi n’en crut pas ses yeux : les perles miraculeuses étaient de retour !

Il demanda à son chambellan de conduire le jeune pêcheur dans un appartement luxueux.

Lilo fut traité comme un hôte de marque.

Des serviteurs lui firent prendre un bain parfumé, le massèrent à l’aide d’un onguent qui fit disparaître les cicatrices laissées par les morsures océanes.

On lui fit endosser un magnifique costume d’apparat.

Ainsi préparé, il fut invité à prendre place sur un sofa dans un salon où on lui servit du thé, des biscuits à la rose et des fruits déguisés en pâte d’amande.

Des danseuses firent une entrée au son d’un tambourin et elles exécutèrent une chorégraphie enchanteresse qui plongea le jeune homme dans un état voisin de l’extase.

Puis vint le moment de goûter à des mets dont il ignorait la délicatesse, notamment une pastilla aux pigeons et aux amandes.

Il passa quelques jours enchanteurs puis vint enfin un moment merveilleux : la princesse Djamila lui fut présentée dans un jardin du palais.

Escortée par sa dame de compagnie, la jeune fille dont la beauté n’avait d’égale que la prestance due à son rang, l’encouragea à parler en le félicitant pour son exploit.

Avoir fait revenir les perles de Vénus dans le royaume était digne d’un personnage de haut rang ce qui lui valut un statut supérieur à celui de pêcheur de corail qui était le sien.

Elle lui offrit un diplôme, un éventail princier et une barrette de commandeur du royaume.

Ils se quittèrent à regret et ce fut le point de départ d’une idylle charmante qui fit oublier à Lilo les difficultés de la pêche du corail.

Leur mariage fut célébré avec faste et l’on dit qu’une sirène déposa sur le sable une parure de perles fines pour la mariée et une tunique bleu turquoise brodée de perles et de corail pour le gentil pêcheur qui n’avait pas hésité à lui faire don de sa récolte arrachée aux fonds océaniques au péril de sa vie !

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