mercredi 16 juin 2021

Précieuses marguerites

 



Précieuses, baroques et royales, les marguerites inspirent l’amour.

En se prêtant parfois à l’effeuillage, ces fleurs dont les reines et les poétesses ont emprunté le nom à l’époque de la Renaissance, deviennent l’égérie des poètes.

Dernier troubadour, Georges à la guitare coquine ou sentimentale voire poétique, a évoqué la splendeur paysanne de la dame de ses pensées «  J’ai perdu la tramontane en trouvant Margot, princesse vêtue de laine, déesse en sabots. Si les fleurs le long des routes s’mettaient à marcher, c’est à la Margot sans doute qu’elles m’feraient penser. J’lui ai dit de la Madone, tu es le portrait, le bon dieu me le pardonne, c’était un peu vrai ».

Le prénom de Marguerite a survolé le temps.

On se souvient de Marguerite de Valois, la Reine Margot, rendue célèbre par un roman d’Alexandre Dumas puis par un film réalisé par Patrice Chéreau en 1993, Isabelle Adjani interprétant magnifiquement le rôle éponyme.

Le film rend compte à merveille de l’atmosphère violente et cruelle qui régnait à l’époque marquée par le déchirement de deux interprétations de la même religion, protestantisme et catholicisme, deux variantes de la religion chrétienne.

Le différend profond se termina dans un bain de sang lors de la nuit de la Saint Barthélémy, la moitié de Paris égorgeant l’autre au nom de Dieu !

Prions pour que de tels excès ne renaissent pas dans notre pays !

Il n’est pas anodin que le futur Henri IV épouse la reine Margot dans le but diplomatique voulu par Catherine de Médicis afin de réconcilier momentanément les deux représentations de la religion. Son fils, Charles IX Roi de France ordonna le massacre des protestants au cri de «  Tuez-les tous » !, ce qui incluait Henri de Navarre, époux de sa sœur Marguerite de Valois.

Cette dernière, répudiée par son époux conquit une certaine autonomie en prenant le parti des Lettres et des Arts.

Le nom de la Reine Marguerite reste l’une des entrées de la Littérature Française grâce à l’œuvre de son auteur, Marguerite de Navarre, sœur de François I er et grand-mère au demeurant, par le système d’alliances diplomatiques de ce même Henri IV qui aurait prononcé cette maxime en changeant de religion : «  Paris vaut bien une messe » !

Il justifiait ainsi le fait de renoncer à la religion protestante pour devenir Roi de France, la royauté restant fidèle au catholicisme.

Dans son ouvrage L’ Heptaméron, Marguerite de Navarre conquiert l’immortalité.

Cette œuvre demeurée inachevée par la mort de son auteur constituait selon un critique contemporain un éclairage fort intéressant sur la condition féminine à l’époque de la Renaissance.

Renaissance oui ajouterai-je mais évolution remarquable des mœurs et de la pensée, conçue par des hommes, au détriment, bien souvent, de l’intérêt des femmes, réduites à la procréation et à la conduite domestique des tâches de tout ordre, servant parfois, il est vrai, de conseil à un mari perplexe ou réduit à un cercle restreint de partisans.

De nos jours, dans notre pays, les reines n’existent que dans les contes et dans ce domaine, je ne me prive pas de leur octroyer un rôle important, donnant par ailleurs une place remarquée aux bergères et aux brodeuses villageoises.

Pour ma part, je me détache des reines et des déesses en sabots de la chanson : j’aime regarder ces humbles fleurs qui semblent vouloir capter l’énergie du soleil en adoptant ses rayons.

La beauté de leurs pétales s’apparente à celle des lys, fleurs choisies par les Rois de France pour symboliser une nation qui se réclame de l’élégance et de la fierté d’exister.

Que les marguerites resplendissent dans les champs, les jardins ou brodées sur un chemin de table !

J’en ai jadis porté en boucles d’oreilles : c’était un cadeau de mon professeur de Français, Antoinette Boulesteix à qui j’adresse des remerciements empreints de tendresse.

Il est temps de mettre un point final à cette page dédiée à la fleur aux mille interprétations et à celles qui en portent le nom jusqu’à la prochaine évocation de ce thème voire l’écriture d’un roman.

 

 

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