Don du ciel

 

Tu m’es apparu, Bernard, comme un don du ciel au moment même où je songeais à quitter cette terre qui ne m’avait offert que misères et chagrins.

Tu souriais, portant sur le bras ton imperméable à la Colombo et tu m’as tenu des propos empreints d’un tendre réalisme.

J’étais accoutumée au langage des bonimenteurs, des voyous, des poètes et des peintres narcissiques qui se donnaient de grands airs . L’apparence modeste que tu arborais m’est devenue si familière que j’ai eu l’impression de t’avoir toujours connu.

Nous nous sommes choisis, aimés et j’ai voulu t’offrir ce qu’il y avait de plus beau dans ma ville de Valenciennes.

Chez André Grédé, le prince de l’élégance, je t’ai acheté huit chemises dont certaines étaient à jabots.

J’ai choisi une cravate en soie peinte à la main par un artiste du Finistère qui a obtenu après mon achat le grand prix du festival d’art organisé par la ville de Valenciennes.

Ce fut ta cravate de marié et par la suite, elle orna ta chemise de cérémonie lors des fêtes familiales.

J’ai insisté pour que nos fils la portent pour leurs entretiens d’embauche en guise de porte-bonheur.

Tu as appris par moi que tes yeux étaient d’un vert émeraude couleur de mer et par la suite, j’ai entendu notre ophtalmologue dire que tu avais des yeux exceptionnels avec des points d’or.

Hélas les divinités grecques, les Erynies, se sont acharnées sur tes yeux plus tard et tu as dû subir de douloureux traitements au laser.

Aujourd’hui, je te revois, dans ta splendeur discrète, toujours prêt à me porter secours et je suis étonnée d’avoir été choisie pour être celle qui reste.

Les dons du ciel vous sont offerts mais ils peuvent être retirés à tout moment et c’est bien là le drame !

Que les colombes d’espérance t’apportent mon message d’amour en attendant nos retrouvailles !