jeudi 19 octobre 2023

Onnaing, de la pipe à l'usine Toyota

 

Jeune fille, ma mère séjourna à Onnaing, commune qui accueillit mes premiers exploits pédagogiques.

Sa sœur aînée, Lydie, épouse d’Edouard Buirette et mère de trois beaux enfants, Geneviève, Odette et Maurice, utilisait la bonne volonté de ma mère pour s’occuper des tâches ménagères. Elle en fit la gardienne du foyer !

Edouard était le directeur de l’école communale et assurait conjointement les fonctions de secrétaire de Mairie comme cela se faisait couramment dans les petites communes.

Il avait, de ce fait, un logement de fonction.

Très coquette, ma mère assumait sa tâche de Cendrillon et occupait son temps libre à coudre des robes fabuleuses qu’elle portait fièrement lors des réceptions données par sa sœur.

Onnaing avait la réputation d’une ville occupée par des personnes investies par l’amour du travail.

Quand on demandait, par jeu, à Odette où elle habitait, elle répondait fièrement «  Onnaing les pipes » .

Apparemment, Onnaing était réputé par sa fabrique de pipes et le renom de ville industrieuse parvint jusqu’au Japon, au sein de l’usine Toyota.

Le chef d’entreprise cherchait à s’implanter en France pour concurrencer nos usines en perte de vitesse, Renault, Citroën et Peugeot. Il dépêcha son bras droit pour qu’il mène des investigations en toute discrétion. Cet homme avisé se présenta comme un touriste amoureux des coutumes du Hainaut. Il se fondit dans la population et nota, un à un, les points positifs de la commune.

Il confirma le sérieux de la population et poussa l’abnégation jusqu’à subir une intervention chirurgicale à l’ hôpital de Valenciennes. Il se déclara satisfait des soins dispensés.

Le chef de l’entreprise japonaise activa les démarches pour s’installer dans ce petit village, peu connu en France.

Mes élèves avaient hérité du sérieux légendaire de leurs parents et le travail ne les rebutait pas.

Mai 1968 mit un coup d’arrêt à nos cours.

J’écrivis au tableau le libellé conçu par les têtes pensantes syndicales qui nous ordonnaient de nous déclarer en grève illimitée.

Le cœur lourd, je parlai à mes braves petits élèves si travailleurs en leur disant que plus tard, s’ils avaient des lacunes en Latin, personne ne se souviendrait de la grève et que l’on mettrait à l’index ces lacunes.

Je leur suggérai de se réunir en petits groupes, selon le voisinage et les affinités, et de préparer les chapitres suivants en essayant de traduire les textes principaux selon les indications données  par le concepteur du manuel.

Dès mon retour, je voulus reprendre là où je m’étais arrêtée mais ce fut un tollé : «  Ah, non Mademoiselle, on a suivi vos consignes et on a travaillé les chapitres suivants ».

Je pus donc passer très vite sur ces chapitres préparés.

Je les félicitai comme il se doit et notre année se termina avec un achèvement du programme.


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