dimanche 8 octobre 2023

Un fauve en liberté



Max avait vu juste : après avoir hurlé son désespoir dans les jardins de la Ménara au risque de passer pour un fou, Solal déroula sa toile d’araignée pour reprendre sa proie.

Il acheta une ferme isolée dans les environs de Fleur-lez-Lys sous un nom d’emprunt français afin de ne pas éveiller les soupçons et partit pour la France en compagnie de touristes européens rencontrés sur la place Jemaa el Fna à qui il avait fait miroiter des vacances somptueuses dans une région de rêve. Il s’en débarrasserait ensuite, son forfait accompli.

Le personnel recruté pour transformer la ferme en résidence luxueuse avait réalisé une performance artistique et gourmande du plus bel effet. Les touristes invités se dirent qu’ils étaient en pays de Cocagne.

Solal ne se montra pas dans le village mais il incita ses hôtes à se promener dans les environs et mit une voiture et un chauffeur à la disposition de chacun d’eux.

Il leur recommanda Fleur-lez-Lys en leur vantant la beauté de son église médiévale et le charme provincial de l’estaminet «  Chez Marius » où l’on pouvait goûter un excellent café assorti de macarons maison et de petits verres de genièvre qui vous donnaient un sérieux coup de fouet.

Prétextant que sa situation de mécène exigeait son incognito, il fit jurer à chacun d’eux, document signé à l’appui, de ne pas mentionner son nom ni le décrire.

Son faux nom Daniel Dubrulle devait également être tu.

Ces précautions prises, Solal attendit le retour de ses indicateurs masqués pour peaufiner le plan parfait de l’enlèvement.

Pour tromper son attente, il se promena dans les prairies proches de la ferme et sentit son cœur farouche bondir dans sa poitrine en apercevant une adorable petite fille. Des rubans de soie retenaient ses boucles dorées et il crut voir une fée. Il en oublia Astrid..

Il s’approcha de l’enfant et se fit passer pour un magicien. Il avait maintes fois observé les tours de pseudo sorciers sur la place Jemaa el Fna et enregistré quelques passes magiques.

Il capta l’attention de la petite fille qui lui fit l’offrande de son prénom, Roxane.

«  Roxane, tu seras ma fée des lumières. Je t’emmènerai dans un pays merveilleux et tu vivras près de moi, servie comme une princesse.

Est-ce que Maman sera là aussi ?

Bien sûr ,mentit le prédateur car je sais que tu ne peux pas t’endormir sans qu’elle t’ait raconté une histoire ».

Rassurée, Roxane embrassa spontanément celui qu’elle prenait pour un enchanteur.

C’est à cet instant que surgit une escouade de la gendarmerie. Une auxiliaire emmena la petite chez elle.

Quant à Solal, dûment menotté, il fut conduit au poste de police et connut les affres de la garde à vue. Pris sur le fait, il eut beau nier, il fut transféré chez un juge qui ordonna sa détention provisoire.

Chacun fut soulagé à Fleur-lez-Lys. On savait à présent que le pervers était mis hors d’état de nuire.

La vie reprit son cours.

Les habitants de la commune prirent spontanément la décision, à l’unanimité, d’avoir l’œil et d’observer les mouvements d’individus inconnus dans le village.

Les touristes amenés par Solal furent priés de rentrer chez eux. On prit note de leur identité, leur profession et leur adresse pour un éventuel témoignage.

Conscients d’avoir échappé à un grave danger, ces complices involontaires s’excusèrent auprès des habitants du village.

Ils avaient trouvé en Fleur-lez-Lys un havre de paix et de charme.

Deux des leurs demandèrent l’autorisation de passer quelques jours de détente dans ce coquet village, ce qui leur fut accordé.

On fêta l’événement Chez Marius. La bière, le genièvre et de la tarte au Maroilles scellèrent l’amitié gagnée aux dépens de la traîtrise et de la perfidie.

Tristan et Astrid durent fêtés et le dimanche de ducasse promis par le maire fit d’eux les hôtes de marque.

Tristan profita de l’admiration suscitée par la pièce montée pour orner l’annulaire de sa bienaimée d’une bague de fiançailles aux couleurs de l’amour.

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