Petit Paul

 

Petit Paul gambade dans le bosquet. Il est à la recherche des noisettes que les écureuils ont laissées.

Il en cueille soigneusement, s’assied près du ruisseau et, une pierre à la main, il se met en devoir d’en goûter quelques-unes.

Elles sont délicieuses, craquantes et fraîches à souhait.

Il sort de son sac un gobelet d’argent, cadeau de Maman et il boit à petites gorgées une préparation à base d’amandes, d’orgeat et de limonade.

Il se régale ensuite de palets de dames, ces pâtisseries somptueuses au glaçage royal, venues du Moyen Age puis il regarde le ballet des oiseaux et des sarcelles au bord de l’eau.

Soudain, une petite fille vêtue comme dans un roman de la comtesse de Ségur apparaît à l’horizon.

Comme par hasard, elle se prénomme Sophie.

Elle s’assied auprès de lui, déguste un palet de dames à son tour puis ils jouent aux devinettes et aux charades.

Ils lisent ensuite des albums pour enfants, Cœur Vaillant, Ame Vaillante, des contes orientaux sous forme graphique, notamment l’histoire de Flor et Blanchefleur si merveilleuse que les enfants croient respirer les parfums de jasmin et de giroflée caractéristiques des patios où fleurissent les orangers et les citronniers.

Transportés vers cet horizon voilé de pourpre et d’or, Paul et Sophie quittent leurs rêveries car des nuages noirs se profilent dans le ciel.

Ils courent se réfugier dans une cabane de pêcheurs et attendent que l’orage se soit éloigné pour regagner leurs foyers respectifs en se donnant rendez-vous pour le lendemain.

Sophie se chargera du goûter, gâteau aux amandes, la fierté de sa mère et surtout un livre dont les images ciselées donnent l’illusion d’un spectacle féerique.

Il y aura Le Petit Prince, La petite Princesse et Oliver Twist sans oublier les aventures de Peter Pan.

Ce soir, en regardant les étoiles, Paul et Sophie rêveront de tous les lendemains qu’il leur reste à connaître jusqu’à ce qu’ils deviennent de fiers adolescents, à l’aube rimbadienne de la poésie qui les habitera pour l’éternité.