mardi 25 mai 2021

T'as pensé à mon ptit cadeau ?

 


T’as pensé à mon ptit cadeau ?

D’une voix conciliante et autoritaire à la fois, Molly rappella à son visiteur que sa prestation était allée au-delà du tarif conclu.

Prestement rhabillée, redressant la couche des exploits, tapotant l’oreiller pour lui redonner son moelleux, elle observait ce partenaire d’une heure, s’assurant qu’il ne dissimulait pas une lame pour parachever sa parade sexuelle, lui donnant ainsi son point d’orgue dominateur.

Mais ce visiteur éphémère n’avait rien de commun avec un éventuel tortionnaire et il sortit de sa poche une liasse de billets qu’il déposa négligemment sur la courtepointe.

Il sortit rapidement, sans un mot, sans un regard, pensant certainement que tout était dit grâce à la monnaie sans laquelle rien n’aurait été possible.

Sa journée terminée, Molly se doucha avec vigueur, liquidant ainsi les humeurs infligées à son intimité comme autant de mousses écumeuses, au rythme des vagues du désir savamment orchestrées, entretenues par les soins incessants de la professionnelle qu’elle était.

Troquant sa robe léopard échancrée et fendue sur le côté ainsi que ses escarpins à talons aiguilles contre une tenue de comptable, lunettes cerclées or et chaussures de marque, Molly retrouva son prénom, celui qu’elle réserve exclusivement à sa famille, appelle son chauffeur, un étudiant en droit qui la conseille pour ses placements et autres démarches délicates, commande des plats préparés chez un grand chef et rentre enfin chez elle  pour passer une soirée calme et reposante.

Après le tumulte de cette journée de travail si singulier qu’il requiert, comme en tauromachie, un passage obligé par la prière et la supplique envers la Vierge Marie, elle ira dans son oratoire personnel, s’agenouillera sur son Prie-Dieu et demandera à la reine des cieux de lui pardonner ses péchés.

Nouvelle Marie-Madeleine, elle lui demandera comme une grâce suprême, de la protéger des assassins qui se dissimulent sous des visages angéliques et des gestes aimables.

Souhaitons à Molly de ne pas finir ses jours, défigurée, vitriolée ou poignardée sauvagement, sans aucune raison si ce n’est le besoin d’assouvir la haine tapie au fond de soi, prête à surgir sous un prétexte fallacieux.

Que la Sainte Mère la protège, elle et ses pareilles, et lui donne la force de vivre jusqu’à la pause imposée par l’âge, à la manière de la belle Ninon de Lenclos, septuagénaire à la fin de sa carrière, à l’époque du Roi Soleil !

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