mardi 13 décembre 2022

Joachim, marquis des aulnes


« Monsieur le marquis, vous me devez une explication, avec tout le respect que je vous porte. On dit partout qu’une petite fille a été enlevée et le portrait diffusé montre nettement qu’il s’agit de la petite demoiselle amenée au château par vos soins.

Certes, Joséphine, je vous dois une explication mais soyez rassurée, je ne suis pas un prédateur sexuel ou un être vil cherchant à assouvir une vengeance.

La vérité est simple : cette enfant est la mienne, c’est ma fille.

Une simple authentification génétique dont j’attends le résultat en apportera la preuve incontestable ».

Rassurée par cet échange, Joséphine esquissa une révérence, prit les ordres de la journée et s’affaira auprès de la petite fille.

Camélia exprima le souhait de téléphoner. Elle voulait, dit-elle, passer une commande pour remercier les hôtes du château et elle donna le numéro de la plate-forme « Si l’on chantait ».

Le marquis donna son accord à condition que ce soit Joséphine qui s’exprime au téléphone ; une voix enfantine aurait provoqué inévitablement une interrogation et une dénonciation anticipée.

La plateforme enregistra la demande.

L’adresse du château et les noms du marquis et de Joséphine furent donnés.

Il s’agissait de deux chansons. La première «  Du côté de chez Swann » s’adressait au marquis. La seconde, « Le douanier Rousseau » de la compagnie créole devait récompenser une dame avenante et dévouée.

Amélia fut chargée de la course car on eut l’impression qu’il s’agissait d’un message codé en rapport avec le rapt de Camélia.

Pleine d’espoir, Amélia arriva au château, délivra son message par deux fois en y mettant tout son cœur.

Le marquis la remercia en lui offrant une rondelette somme d’argent qui dépassait de beaucoup la somme prévue pour la course.

« Du côté de chez Swann » était la chanson préférée d’Amélia et elle ne doutait pas que ce message lui fût adressé. Cela prouvait que sa fille était vivante au moment de la commande.

Quant au « Douanier Rousseau » il s’adaptait parfaitement à Joséphine dont les origines antillaises apparaissaient au grand jour.

Pour donner une coloration subtile à la chanson, Amélia l’avait entonnée en portant un perroquet sur son épaule gauche.

L’oiseau s’envola à la fin de la chanson et nul ne le revit.

Il se percha sur la cime d’un aulne, dans le parc et attendit le moment de se montrer lorsque le dénouement de l’histoire serait proche.

Sous l’apparence du perroquet battait le cœur d’un elfe chargé de veiller sur la jolie Camélia jusqu’à son retour dans son foyer.

 

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