Max s'ennuie

Après s’être recueilli sur la tombe de sa grand-mère qui lui avait laissé tant de beaux souvenirs, Max quitta le cimetière de Fleur-Lez-Lys pour regagner sa jolie maison, un héritage de Mamie Louise pour se ressourcer.

Angélina, son aide en tous genres et amie, lui avait concocté son plat préféré, de l’andouille de Cambrai et lui réservait une surprise composée de tarte à la rhubarbe et de crème onctueuse à base de roses.

Max se régala comme il se doit, insista pour qu’Angélina savoure ces merveilles gourmandes en sa compagnie mais cette dernière déclina l’invitation car son petit fils Charles l’attendait pour une partie de dominos.

Somnolant dans son fauteuil près d’un bon feu de cheminée, Max se remémora les meilleurs moments de ses enquêtes.

Le cœur du village de Fleur-Lez-Lys était à coup sûr le café «  Chez Marius » qui faisait face à l’église médiévale où il avait prêté serment le jour de sa communion solennelle en compagnie de la séraphique Elisabeth, disparue tragiquement après les vêpres.

Un immense regret doublé d’un  chagrin sans nom expliquait peut-être le fait qu’il ne se soit jamais marié.

Il ne se pardonnait pas de n’avoir pas décelé ce jour-là les signes avant-coureurs du danger qui auréolait la merveilleuse petite fille d’une couronne d’épines christique.

La mélancolie était sur le point de l’envahir lorsqu’une pierre, lancée avec force, percuta la fenêtre qui donnait sur le jardin.

Il se précipita pour voir l’auteur de ce délit mais il faisait trop sombre pour distinguer nettement ce qui se cachait derrière une combinaison noire doublée d’un capuchon.

Max se concentra alors sur le projectile. C’était un pavé numéroté de la Trouée d’Arenberg, clou de la course Paris-Roubaix.

Une étoffe l’enveloppait portant la mention «  S.O.S Camélia ».

« Curieuse énigme » se dit Max et il s’empressa de trouver une planche pour empêcher les courants d’air de s’infiltrer dans la pièce si bien entretenue par Angélina.

Il se coucha ensuite et s’endormit rapidement, heureux de voir se profiler une nouvelle énigme qui chasserait ses idées noires et tromperait son ennui.

Le lendemain, il déjeuna d’un grand bol de lait chaud aromatisé à la chicorée et d’une grosse part de brioche puis il se dirigea vers son « Q.G », à savoir le café «  Chez Marius » où les fidèles étaient déjà au rendez-vous.

Marius lui apporta son cappuccino et des gaufrettes et le laissa à ses pensées.

L’air de rien, il s’imprégnait de bribes de conversation, guettant une allusion à l’agression dont il avait été victime la veille mais apparemment personne n’était au courant de l’avertissement qui lui avait été adressé.

L’arrivée de Jade, journaliste à La Voix du Nord lui apporta les informations qu’il attendait.

«  Il se dit que la petite Camélia a été enlevée hier soir » lança-t-elle à la cantonade et elle demanda clairement si quelqu’un avait des informations à ce sujet.

Cette annonce permit à Max de reconsidérer l’incident survenu à son domicile : ce n’était pas une agression gratuite mais une information voire un appel au secours.

La question cruciale se posait à présent : La petite Camélia avait-elle disparu ?

Max adressa un signe discret à Jade pour lui faire savoir qu’il détenait un début de piste et les convenances commerciales achevées, ils se rendirent séparément à la Maison des Contes tenue par une amie, Aurore, afin de parler à bâtons rompus sous la véranda.