samedi 17 décembre 2022

Le temps des révélations


Alors que la vie avait repris son cours normal à Fleur-Lez-Lys, Camélia ayant repris sa place à l’école du village, les notables de la commune, Amélia et sa fille reçurent une invitation au château.

La grande table était dressée dans la salle de réception ; chacun prit place en suivant l’étiquette nominative des couverts puis le marquis donna le signal des réjouissances.

On servit du champagne accompagné de biscuits roses de Reims puis les plats aussi succulents les uns que les autres se succédèrent, saumon en gelée, pintade et pigeonneaux aux amandes, pastilla à la rose et gâteau aux fruits pour ne citer que les plus appréciés.

Pour clore le repas, on but au choix, du thé, du café, du vin de fleurs et pour Camilla, de l’infusion à la rose et aux épices.

Le marquis prit alors la parole et entama un long récit.

Dans sa jeunesse, il était tombé follement amoureux d’une jeune fille sans titre de noblesse.

Oubliant les principes de sa famille, il lui promit le mariage.

En proie à une ardente passion, il n’eut pas la force de réfréner son désir et fit de Marjolaine son épouse avant l’heure.

Or, un soir, alors qu’il se rendait à un rendez-vous d’amour avec son aimée, il tomba dans une embuscade.

Des individus masqués lui administrèrent une volée de gourdins, le démolirent littéralement à coups de poings et de pieds, le laissant pour mort après l’avoir déshabillé et dévalisé.

Il sombra dans le coma et était à deux doigts de passer de vie à trépas quand un marchand de vin le trouva ensanglanté et sans connaissance.

Il l’emmena à l’hôpital après l’avoir couvert d’une houppelande.

Lorsque le marquis retrouva ses esprits, six mois plus tard, il avait tout oublié, y compris son propre nom.

Sa mère l’envoya aux Antilles où elle possédait une belle propriété et s’en remit aux bons soins d’une famille qui était à son service avec dévouement.

Joséphine fut un élément clé de sa guérison, à force d’égards, de soins appropriés et de tendresse.

Pendant ce temps, Marjolaine, ignorant les dommages corporels et moraux subis par son amant, sombra dans le désespoir.

Elle mit au monde une jolie petite fille qu’elle prénomma Camélia en souvenir du berceau de fleurs qui avait abrité leurs amours passionnées.

Elle confia l’enfant à Sœur Marguerite-Marie, la supérieure du couvent de carmélites où elle avait élevée, enfant, en qualité d’orpheline.

Elle pria instamment la supérieure de donner un foyer ou tout au moins une mère aimante à la petite fille et c’est ainsi que Camélia trouva en Amélia une mère accomplie.

Amélia avait juré de ne pas se marier après avoir connu une malheureuse histoire d’amour, l’aimé n’étant qu’un coureur de jupons.

Elle reporta tout l’amour qu’elle gardait en son cœur meurtri sur l’adorable Camélia.

Marjolaine mourut quelques mois après la naissance de la petite fille et Amélia suivit les conseils de Sœur Marguerite-Marie qui la pria d’attendre l’adolescence de l’enfant pour lui révéler les secrets de sa naissance, le nom du marquis  n’ayant pas été donné.

Amélia se rendait régulièrement au couvent avec l’enfant et, sous prétexte d’apprendre des chants religieux, passait des moments précieux.

Lorsque le marquis fut guéri, il revint au château. La mémoire lui faisait toujours défaut mais un jour, en passant près d’un buisson de camélias en fleurs, un flash lui traversa l’esprit et il revit nettement la silhouette et les traits de celle qu’il avait tant aimée, Marjolaine, son unique amour, sa fée.

Le nom de Marjolaine lui vint aux lèvres et il ne cessa de chercher cette épouse charnelle.

Il finit par apprendre son décès et le bouche à oreille lui révéla qu’elle avait mis au monde une petite fille prénommée Camélia.

Il mit alors au point l’enlèvement de l’enfant qui portait ce prénom si rare à Fleur-Lez-Lys.

S’il était passé par les voies régulières et administratives, du temps se serait écoulé c’est pourquoi il opta pour un rapt qui lui permettrait d’obtenir rapidement les preuves de sa filiation.

«  Dans mes bras, ma fille, l’empreinte ADN a parlé et tu es bien la future marquise des aulnes , ma mère ayant rendu l’âme tandis que je recevais des soins aux Antilles » conclut-il en lui ouvrant les bras.

Il baisa la main d’Amélia, lui promettant de ne pas la séparer de l’enfant à qui elle avait donné tout son amour.

«  Vous aurez votre place au château et vous ne manquerez de rien, je vous l’assure ».

Et c’est ainsi que se termina la belle aventure de Camélia, Marquise des Aulnes, à tout jamais l’enfant chérie de Fleur-Lez-Lys, si fertile en rebondissements mystérieux.

 

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