Une église fleurie

Après la course singulière d’Amélia, d’autres éléments s’ajoutèrent aux indices collectés menant au château du marquis.

L’église fut fleurie, de nuit, d’énormes bouquets de camélias et la bannière du marquis, reconnaissable entre toutes par l’évocation des aulnes, fut plantée à côté du portrait de l’enfant.

« Voilà une singulière énigme » dit Max et il partagea l’optimisme relatif d’Amélia : l’enfant était certainement en vie et son ravisseur multipliait les éléments le conduisant à lui.

Sur ce, Max décida de rendre une visite au marquis. Sa grand-mère avait servi jadis au château en qualité de femme de chambre et elle avait gardé de son passage d’excellents souvenirs et une soupière en porcelaine fleurie remise lors de son départ pour raison de mariage.

La soupière avait toujours servi lors des réceptions familiales et elle était restée en parfait état.

Max photographia l’objet et partit au château pour une visite qui se voulait de courtoisie.

Le marquis le reçut dans un boudoir intime et lorsque Max lui présenta la photographie de la soupière, il se montra vivement intéressé.

«  Tous ces objets ont une âme dit-il sentencieusement et je vous remercie infiniment d’en avoir pris soin ».

Joséphine apporta le thé et un assortiment de douceurs créoles, tourments d’amour et autres délices.

Après cette collation, Max osa aborder le sujet qui le préoccupait, à savoir la présence possible d’une petite fille au château.

Le marquis acquiesça et envoya Joséphine chercher l’enfant.

Camélia fit son entrée, vêtue d’une robe à froufrous qui la faisait ressembler à une héroïne de la comtesse de Ségur.

Elle esquissa une jolie révérence à l’adresse du marquis et salua Max qui était connu de tous à Fleur-Lez-Lys.

« Approche, mon enfant, ma douce Camélia aux joues bouton de rose. Bientôt, je te le promets, tu reverras ta maman qui est une femme si courageuse et je m’engage devant monsieur Max à améliorer considérablement votre sort et votre mode de vie.

La vaillante Amélia ne chantera plus que pour son plaisir et tu auras des précepteurs qui te prodigueront le meilleur enseignement qui soit au château dont tu seras la future souveraine. Mais il me faudra m’entretenir avec ta maman pour obtenir son accord. Et maintenant, va, j’ai à parler à mon hôte ».

Camélia repartit docilement, escortée par Joséphine qui lui dicta l’agenda de la journée.

Rassurée par les paroles du marquis, Camélia s’adonna gaiement aux tâches proposées, leçon de chose en se promenant dans le parc, étude des fleurs et des arbres, cours de cuisine appliquée, cours de dessin et de peinture, leçon de piano etc…

Le marquis s’entretint à cœur ouvert avec Max qui en retint les points suivants :

1)     La délivrance de Camélia était proche.

2)     Le marquis irait se confesser au prêtre de Fleur-Lez-Lys.

3)     Ensuite, il parlerait à Amélia et lui proposerait de venir au château pour des retrouvailles avec l’enfant.

Confiant dans la parole du marquis, Max s’en revint à Fleur-Lez-Lys où il promit à tous solennellement un dénouement heureux imminent, sous le sceau du secret.