dimanche 11 décembre 2022

Le désespoir d'Amélia


Amélia eut la désagréable surprise de ne pas voir la verrière illuminée lors de son retour : Camélia avait pris l’habitude de saluer le retour de sa mère en déclenchant un système électrique ingénieux qui permettait à Amélia de garer son scooter sans problème.

Camélia savait que le travail de sa mère nécessitait beaucoup d’efforts ; les kilomètres sur les petites routes de campagne, le sourire, le contact aimable et la chanson commandée, parfois difficile à interpréter au pied levé impliquaient la concentration et la prestation artistique mise à la portée de toutes les bourses.

Sachant que sa mère n’aurait pas la force de cuisiner un plat savoureux à son retour, Camélia avait pris l’habitude de commander par téléphone le menu du jour proposé par un traiteur ambulant qui se déplaçait en triporteur. Ce dernier venait livrer les plats dont il inscrivait le montant sur une ardoise qu’Amélia effaçait régulièrement.

Or, cette fois, aucune commande n’avait été passée et l’appartement était vide.

Inquiète, Amélia reprit son scooter en dépit de sa fatigue et fit le chemin de la maison à l’école, à la recherche de sa fille ou d’un indice révélant une piste destinée à la retrouver vivante.

Tant de disparitions classées sans suite apparaissaient dans les manchettes des journaux pour s’effilocher au fil des jours ! Il y avait de quoi s’inquiéter et agir vite.

Pas la moindre trace de Camélia sur la route. Rien non plus au niveau de l’école.

Selon la directrice qui occupait un logement de fonction, la petite fille était partie comme d’habitude, apparemment sans souci.

Josette Cailleux partagea l’angoisse d’Amélia et lui promit de téléphoner à ses amis pour ameuter le village.

Elle mentionna d’ailleurs le nom de Max qui avait résolu tant d’énigmes et qui résidait actuellement dans sa maison de campagne.

Elle conseilla à Amélia de rentrer chez elle au cas où Camélia réapparaîtrait ou enverrait un message.

Josette se chargerait également d’alerter les hôpitaux et la gendarmerie.

Sur le chemin du retour, Amélia, le cœur gros, acheta une tarte au Maroilles et un gâteau battu, espérant que sa petite princesse serait à ses côtés pour déguster ces plats typiques et gourmands.

Elle alluma la verrière et déclencha le pick-up en faisant retentir une chanson de Dave, Du côté de chez Swann, que toutes deux aimaient fredonner.

La nuit s’écoula sans que la petite fille se manifeste d’une façon ou d’une autre.

Josette fit état par téléphone du résultat de ses recherches : pas de petite fille à l’hôpital, ce qui était rassurant, aucun corps découvert dans la commune et les environs ce qui excluait la possibilité d’un drame absolu.

Elle avait réussi à parler à Max. Ce dernier lui avait confié qu’il tenait une réunion à la maison des contes en compagnie de Jade, la journaliste, Aurore, la propriétaire de la maison, Bénédicte, officier de gendarmerie et de Florian, l’artiste peintre si souvent mêlé à la résolution des énigmes grâce à son exceptionnel coup de pinceau qui pouvait réveiller les mémoires endormies.

Il disposait d’esquisses reproduisant la petite fille et il demanda, à cet effet, l’autorisation d’Amélia pour peindre un portrait dont on pourrait ensuite établir des reproductions que l’on afficherait sur les panneaux de la commune, les arbres et les vitrines des commerces.

Amélia donna son aval avec reconnaissance car elle connaissait le talent de Florian et son éthique avérée : l’aide notoire qu’il avait apportée à Max avait permis à ce dernier de résoudre rapidement des énigmes complexes.

Fourbue et inquiète en dépit de l’aide apportée par les notables du village, Amélia s’endormit en rêvant que son cher petit ange lui revenait en chevauchant un nuage rose.

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