jeudi 23 mai 2024

Flora

 



Obtenant d’Adèle, la gouvernante de la maison, l’autorisation de sortir pour acheter une pâtisserie orientale dont elle raffolait, Flora quitta l’hôtel particulier luxueux dont elle était la perle précieuse.

Il y avait si longtemps qu’elle n’avait pas marché librement qu’elle fut d’abord étourdie.

Sa rencontre avec le sémillant Philippe de Cassel la bouleversa au point qu’elle ne put trouver les mots pour répondre à sa question banale, destinée à nouer des liens amicaux.

Elle sentit son cœur battre et ses joues s’empourprer, symptômes  qui lui étaient inconnus jusqu’à présent.

Elle faillit faire demi-tour mais elle songea qu’elle paraîtrait bien frivole si elle ne rapportait pas l’objet de ses désirs.

Le hasard la servit car elle trouva rapidement la boutique idéale.

«  Chez Aladin » proposait un choix de pâtisseries généreuses, baklawa amandes et fleur d’oranger, pastillas à la rose, cornes de gazelle, briwates triangle et autres merveilles.

Elle prit un assortiment de ces gâteaux et retourna en son hôtel où Maximilien l’attendait avec impatience.

Sans lui donner le temps de goûter ces gourmandises, il l’entraîna dans la chambre à coucher, la dévêtit prestement et l’enlaça avec une telle fougue qu’elle faillit s’évanouir.

«  Je ne veux plus que tu sortes, mon amour lui disait-il entre deux étreintes. Tu es à moi, comprends-tu ? Tes désirs seront exaucés à condition que tu demeures entre ces murs qui servent d’écrin à ta beauté et te protègent des prédateurs. J’ai renvoyé Adèle pour l’énorme faute qu’elle a commise en te laissant marcher à l’aventure. Je resterai auprès de toi cette nuit et demain une gouvernante fiable sera à tes côtés pour veiller à ta sécurité ».

Il vêtit amoureusement sa poupée d’amour d’un déshabillé voluptueux, la chaussa de pantoufles brodées, brossa ses longs cheveux puis tous deux prirent place dans la salle à manger où des plats succulents leur furent servis : couscous royal, assortiment des pâtisseries achetées par Flora.

Du thé à la menthe les rafraîchit et après une aubade donnée par un couple de violonistes, les amants regagnèrent la chambre où Flora reçut, sans vraiment les désirer, les assauts passionnés de cet amant qu’elle n’avait pas choisi.

Ce fut un soulagement, pour elle, de constater à son réveil que Maximilien avait quitté le domicile où elle était à la fois adulée, comblée contre son gré, prisonnière en un mot !

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