lundi 27 mai 2024

Madelon, Fleur de Victoire

 



« Si les fleurs le long des routes s’mettaient à marcher c’est à la Margot sans doute qu’elles feraient songer. J’lui ai dit de la Madone tu es le portrait, le bon Dieu me le pardonne mais chacun pour soi ».

En chantonnant ainsi, Aurélien de Brabant esquissait un pas de danse en marchant dans un sous-bois. C’est alors qu’il l’aperçut, la fleur vivante qui remplissait son panier de champignons,  de fruits et de baies destinés à la confection gourmande de conserves, airelles, prunelles, baies de genévrier, fraises des bois et myrtilles.

«  Dites-moi, la belle dont j’ignore le nom, je vous trouve aussi industrieuse que charmante. L’homme qui vous épousera aura bien de la chance ».

Madelon sourit puis elle répliqua sobrement qu’elle avait l’habitude de collecter les trésors de la nature pour les transformer en produits destinés à la vente au marché. «  J’ai aussi ma collecte personnelle et s’il vous plaît de m’accompagner, je vous ferai goûter un plat de ma composition. On me nomme au village Madelon, fleur de Victoire parce que je suis née un 11 Novembre et que, toute petite, j’aimais servir les invités de mes parents ».

Charmé par cette présentation, Aurélien de Brabant emboita le pas à la jeune fille.

Une maison pimpante au jardin fleuri s’offrit bientôt à leur vue car Madelon avait voulu vivre près de la forêt qui était son garde-manger.

La pièce principale était accueillante, claire, ordonnée. On se sentait tout de suite le bienvenu.

Aurélien prit place à une table en bois blanc, protégée par une nappe brodée de lys et de roses.

Madelon s’activa aux fourneaux et prépara prestement un repas simple et savoureux.

Omelette roulée aux herbes, tajine de veau aux olives et salade de saison furent prestement servis.

Une tarte aux fruits des bois clôtura cet excellent repas qui était une ode à la nature et à la forêt dont Madelon semblait être la bonne fée.

La jeune fille et son hôte parlèrent peu afin de respecter la délicatesse du menu.

Après une décoction aux plantes odorantes, Aurélien de Brabant prit congé de cette fleur de Victoire qui, en elle-même,  représentait la pérennité de la terre nourricière si souvent mise à mal.

Il lui offrit ses remerciements et promit que des cadeaux dignes de son chaleureux accueil lui parviendraient bientôt.

Aurélien prit la route du retour en son manoir, remuant mille pensées gravitant autour de la belle et sage Madelon.

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