lundi 20 mai 2024

La porte cochère du mystère

 



En reprenant ses pérégrinations dans la ville des merveilles, Paris l’enchanteresse où chaque pavé évoquait un souvenir glorieux, Philippe fut intrigué par une magnifique porte cochère embellie de manière florale.

Il passait si souvent devant cette porte qu’il finit par craindre d’être pris pour un voleur chargé du repérage d’un domicile à visiter.

Il eut la chance d’en voir sortir une jeune fille au visage de madone et aux longs cheveux d’or tombant sur ses reins en vagues ondulées.

Prétextant d’avoir perdu son chemin, Philippe lui adressa la parole mais la jeune beauté eut une mimique éloquente signifiant qu’elle ne parlait pas la langue du pays.

Le jeune homme la salua et poursuivit sa route.

Il s’arrêta au premier bar venu, sortit son carnet et prit des notes, décrivant par le menu les éléments constitutifs de la personne rencontrée ainsi que la porte couronnée de fleurs.

Ce que Philippe ignorait, c’est qu’il était suivi.

Les voleurs d’enfants qui s’étaient emparés d’Emile l’avaient à l’œil et ils comptaient bien lui faire payer leur manque à gagner et la perte sèche de leur meilleur élément.

Tandis que notre romancier esquissait la trame narrative de son nouveau roman qu’il voulait intituler La Nouvelle Aurélia en souvenir de Gérard de Nerval, son poète préféré, Mario et Lucas, malandrins portant beau, s’étaient installés à une table voisine, commandant un citron pressé. Ils trinquèrent jovialement, de loin, avec le romancier qu’ils gratifièrent d’un sourire engageant.

Mario avait l’art de dérober un objet de valeur en pleine rue, montre de prix, collier de perles sans que la personne volée ne se rende compte du préjudice.

Il avait formé Emile à cet art subtil qu’il plaçait au-dessus de toute autre manière de pratiquer le vol.

Lucas préférait opérer de nuit, de manière forte. Expert en serrurerie, il pouvait ouvrir toutes sortes de portes. De plus, les coffres-forts n’avaient pas de secret pour lui.

Si d’aventure, un occupant se rebellait, il le mettait à la raison d’un coup de poing bien placé.

Voulant donner le change, les deux voyous conversaient avec aisance, espérant intéresser leur voisin de table afin de lier connaissance pour mieux le faire tomber dans leurs filets.

Absorbé par l’élaboration de son récit dont le sujet principal était la jeune beauté étrangère, Philippe ne prêta aucune attention aux deux voyous.

Il rangea subitement son carnet, paya la serveuse en lui octroyant un généreux pourboire et s’en fut rapidement, désireux de glaner d’autres éléments qui étofferaient son récit.

Mario et Lucas lui emboitèrent le pas, attendant le moment propice pour le dévaliser ou l’assommer dans une rue obscure afin de l’emmener dans leur repaire où ils pourraient le torturer afin de lui faire cracher son numéro de carte bancaire et autres données intéressantes.

Là encore, Philippe déjoua leurs plans en s’engouffrant dans un taxi.

Les voyous firent de même et demandèrent au chauffeur de suivre discrètement le taxi précédent.

Parvenu à la pension La Maison des écrivains, Philippe entra rapidement, pressé de retrouver sa chambre pour laisser son esprit errer dans l’univers féérique qui lui était propre.

La belle inconnue occupait son esprit au point qu’il l’imaginait peinte par un Impressionniste ou dessinée par Alfons Mucha, déclinant sa blondeur slave sous toutes ses facettes.

Mario et Lucas prirent note de l’adresse du domicile de leur future proie et s’en furent vers leur royaume où siégeait le roi des voleurs, leur supérieur, l’illustre Maximilien, réputé pour sa cruauté et l’incroyable justesse de ses plans.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire