dimanche 19 mai 2024

Wattrelos

 



Se morfondant dans leur maison vide des rires de leur enfant, Sylvain et Lucie des Aubiers tâchaient de trouver un sens à leur existence.

Le lendemain du cambriolage et du rapt de leur fils, les époux effondrés avaient du subir des interrogatoires menés par des policiers dubitatifs.

Ils furent soupçonnés d’avoir tué, intentionnellement ou accidentellement leur fils, cachant sa mort en invoquant un cambriolage imaginaire.

On ne releva aucune empreinte, aucun indice prouvant que des individus s’étaient introduits chez eux.

Dans le voisinage, personne n’avait rien vu ou entendu.

Ils eurent droit à la garde à vue et l’on recoupa méthodiquement leurs dires.

Après quelques mois de suspicion, on conclut à une disparition équivalent à une fugue supposée de l’enfant.

On laissa les époux en paix sur le plan juridique et policier.

Les malheureux parents se raccrochèrent au fol espoir d’avoir un jour des nouvelles de leur fils.

Sylvain était informaticien. Il travaillait au sein d’un groupe qui lui offrait la possibilité d’opter pour le télétravail, ce qui lui évita les regards soupçonneux ou contrits de ses collègues.

Lucie enseignait l’ Histoire et la Géographie au collège de la ville.

Quelque peu gêné, le Principal lui demanda de prendre un congé sabbatique afin de pallier les problèmes qui ne manqueraient pas de surgir dans le milieu scolaire qui se voulait sans ombre ni tache.

Rendue à sa liberté et craignant de broyer du noir dans son foyer, la jeune femme décida d’écrire un récit de vie où elle narrait les différents épisodes de sa vie, jusque là sans histoire, décrivant par le menu l’irruption d’individus en collant noir et cagoulés dans leur domicile, les coups reçus, le cambriolage et le rapt de leur fils.

Travaillant sans relâche pour retrouver grâce à ce récit leur honneur bafoué, Lucie mit le point final à son récit. Elle avait par ailleurs décrit le traitement que les policiers leur avaient infligé, ce qui était une autre forme de violence.

Au moment précis où elle s’apprêtait à expédier son manuscrit à un éditeur, on frappa à la porte.

Sylvain l’ouvrit pour se trouver nez à nez avec son fils, accompagné par un jeune homme élégant qui était aux antipodes des voyous qui les avaient agressés.

Au bord de l’évanouissement et au comble de l’émotion, Lucie serra son fils contre son cœur.

Ils prirent la précaution de prévenir la gendarmerie pour que tous les soupçons endurés soient enfin levés.

Philippe et Emile se rendirent dans les locaux de la gendarmerie et firent une déclaration succincte des événements passés.

Libérés, ils regagnèrent le domicile des heureux parents.

Philippe proposa de s’adresser à un traiteur pour que le repas des retrouvailles se passe sans souci.

«  Votre fils est très riche » déclara-t-il en adressant un clin d’œil complice au jeune auteur «  mais cela, vous êtes les seuls à le savoir ».

C’est à regret que Philippe se sépara de l’enfant.

Il regagna la pension, déclarant que son neveu avait réintégré le domicile de ses parents.

«  Nous le regretterons tous dit Dame Flore mais rien ne vaut l’amour de ses parents ».

Philippe acquiesça et entretint une conversation nimbée de romantisme avec Violette avant de rejoindre sa chambre, ressentant la sensation d’un énorme vide.

Je reprendrai dès demain mes promenades dans le beau Paris qui vit proliférer tant de génies littéraires se promit-il et il s’endormit en rêvant qu’un ange le guidait et lui murmurait des vers mélodieux.

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