dimanche 8 septembre 2024

Fleur d' Amour

Poursuivant leur chemin aux destinées parallèles, Bonheur du Jour et Fleur de Lune, sans s’être concertés, éprouvèrent une passion littéraire pour le même ouvrage, creuset de l’amour médiéval, Le conte de Floire et Blanchefleur de Robert d’Orbigny. Cette romance semblait être le canevas de leur vie puisque Floire, fils ducal et Blanchefleur, fille d’une suivante étaient nés le même jour et qu’ils avaient senti se développer en eux les prémices de l’amour.

Bonheur du Jour s’identifiait à Floire et Fleur de Lune à Blanchefleur de sorte qu’ils restèrent plus unis que jamais dans le cœur d’une rose d’amour où ils se blottissaient avant de s’endormir.

Dans leur entourage, personne n’avait rien remarqué d’insolite. Les parents se félicitaient de la progression éducative des adolescents.

Bonheur du Jour accompagnait son père à la chasse et son précepteur ne tarissait pas d’éloges sur cet élève consciencieux, intelligent et inventif : il avait créé un petit robot capable de répondre à son nom, Cosmos et d’empiler des cubes de manière pyramidale.

Quant à Fleur de Lune, elle secondait activement Ophélie dans l’élaboration de plats sophistiqués, pêchait en compagnie de son père et se montrait redoutable dans les exercices mathématiques et physiques.

Elle aimait également coudre, broder, dessiner, chanter et danser, bref c’était une artiste accomplie !

Elle créa un modèle original de robe à porter au quotidien, ménageant une poche dans laquelle reposait son livre fétiche, celui qui entretenait la flamme de son amour d’enfance.

Pas un instant, il ne vint à l’idée des deux jeunes gens que l’autre avait pu oublier son serment.

Pour fêter l’entrée de la vie d’adulte de leur fils, Nadir et Dahlia organisèrent un bal et naturellement Fleur de Lune y fut conviée.

Le jour venu, elle arriva dans une robe de sa confection qui servait d’écrin à son éclatante beauté.

Ainsi vêtue, elle ressemblait à une rose et Bonheur du Jour sentit son cœur s’emballer dans sa poitrine.

Il dut cependant respecter le protocole et réserver sa première danse à une jeune fille du même rang princier que le sien.

Flamme de l’île aux colibris dont la beauté était sans pareille se laissa aller voluptueusement dans une valse lente et impériale.

Le prince André de Corinthe, homme de belle prestance aux yeux pers et au sourire éblouissant s’inclina gracieusement devant Fleur de Lune, la priant de lui accorder la prochaine danse.

C’est au son d’une valse lente, langoureuse et mélodieuse que le prince André fit une cour discrète à la reine du bal.

«  Votre beauté éclipse celle de toutes les femmes présentes à ce bal » lui murmura-t-il tendrement à l’oreille tout en exerçant une légère pression sur sa taille.

La valse terminée, le prince André proposa un rafraîchissement à sa cavalière.

Ils se dirigèrent vers le buffet,  savourèrent un cocktail à l’ananas et mangèrent des galettes au lait de coco.

Bonheur du Jour arriva sur les entrefaites et il ne put s’empêcher de serrer Fleur de Lune sur sa poitrine.

Des ondes vertigineuses s’emparèrent de ceux qui s’étaient voués l’un à l’autre.

Un nuage turquoise les enveloppa et ils disparurent mystérieusement, emportés par une vague lumineuse, celle qui les avait mis au jour !

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