Les oies sauvages qui avaient déposé le petit prince dans le désert du Sahara, la mémoire du monde, ont entendu la détresse de Johnny, privé des splendeurs automnales des tablées gourmandes qu’il affectionnait.
Une ronde de plats simples et merveilleux à la fois, soupe à la bordelaise, truffade, homard grillé au beurre d’herbes, moules provençales, steak tartare, coquelets grillés à la harissa, moussaka Vartan, Reine de Saba, tiramisu, tous réalisés par la fidèle Jacqueline Benoît, sa cuisinière, dansait dans la mémoire du rocker aux bottes souples d’agneau.
Dans la clairière de ses amours, une grande table était dressée.
Tous ses amis l’y attendaient avec des couverts d’argent et de la faïence ancienne décorée de roses mousseuses et de fleurs des champs ainsi que des verres en cristal de Baccarat.
Jacqueline assura le service prestement comme à l’accoutumée.
Johnny fit honneur à tous les plats, notamment des babas au rhum dont il raffolait, faciles à emporter pour servir de cadeaux.
Jacqueline essuya une larme ainsi que Laura dont la présence s’auréolait des fameux fondants au chocolat de son enfance.
Ces agapes terminés, heureux d’avoir renoué avec les saveurs d’un automne flamboyant absent au Paradis, Johnny se laissa emporter par les oies sauvages en promettant de revenir bientôt.
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