Le bal des amours

 

 

Fidèle à sa promesse, le prince Nadir organisa un bal dont il souhaitait qu’il fasse date.

Présenté comme le bal des amours, il devait réjouir les cœurs à tous les niveaux.

L’orchestre se plia aux exigences du prince : L’ouverture se ferait aux accents de La valse de l’empereur, viendrait ensuite un air tsigane Les yeux noirs. La valse d’Eugène Onéguine, des extraits de La Belle Hélène et des Contes d’Hoffmann apporteraient leur touche ineffable et mystérieuse.

« Le déroulement de la soirée impliquera un regain de vitalité et vous aviserez selon l’ambiance du bal » précisa le prince qui porta son effort sur la composition du buffet.

De concert avec le chef cuisinier et ses brigades, Nadir retint une suite de plats et de boissons susceptibles de procurer plaisir et détente aux danseurs.

Morceaux choisis de méchoui, salades composées, gravelax de poisson de rivière, homards à  la nage, crustacés divers, bouquets, fruits de mer choisis, coquilles de pétoncles garnies de fruits secs et d’œufs de caille sauce rose, pâtisseries orientales, pastillas à la rose furent savamment présentés dans un entrelacs de fleurs créé par une admiratrice de la reine Dahlia.

L’esthétique et la gourmandise étaient au rendez-vous pour ce buffet où des échansons serviraient des boissons à la demande.

Des guirlandes décorées de cœurs et de divinités représentatives de l’amour étaient posées sur les feuilles des chênes qui quadrillaient la scène du bal.

Des lampions et des flambeaux diffuseraient leur lumière tamisée favorisant la naissance d’idylles.

Le grand soir arriva. Nadir et Dahlia accueillirent les invités, revêtus de leur tenue d’apparat.

Nadir avait opté pour un costume de velours pourpre, d’inspiration vénitienne et Dahlia pour une ravissante robe d’organdi et une couronne de fleurs en guise de tiare.

Ils ouvrirent le bal au son de La valse de l’empereur et chacun admira l’harmonie du couple.

Dahlia dégusta une coquille de noix de Saint Jacques et but un cocktail à base de myrtilles et d’eau de rose.

Le prince mit à profit cette pause pour saluer des invités qui avaient été retardés.

Le prince Andréa qui régnait sur une île rocheuse choisie par des oiseaux rares se montra intrigué voire ébloui par la reine Dahlia qui cherchait du regard son promis pour valser sur un rythme d’ Offenbach.

Elle fut littéralement happée par le prince Andréa qui imprima un rythme chaloupé à ses valses impériales.

Il murmura des mots d’amour à l’oreille de la reine qui feignit de ne pas les comprendre.

Alors qu’il s’approchait du buffet, son bras puissant enserrant la taille de sa cavalière, il fut soudain assailli par un aigle qui faillit l’emporter dans les airs.

Heureux de se voir secondé par ce prince des nuées, Nadir prit la main de Dahlia et la conduisit au palais pour qu’elle se repose et change de robe : Nadir avait l’impression que sa dame d’amour avait été souillée par la cour pressante d’Andréa.

Dahlia s’allongea sur la bergère de sa chambre puis elle prit un bain et revêtit ensuite une robe de brocart tissée d’or. Ses cheveux relevés en chignon furent ceints d’un diadème royal afin de dissuader un prince d’opérette à venir lui conter fleurette.

De son côté, Nadir s’était changé et c’est vêtu d’un costume princier blanc parsemé de diamants qu’il prit le bras de la sublime Dahlia.

L’orchestre attaqua une mazurka ce qui permit au prince de dire les mots d’amour assortis à la demande d’épousailles contenus au fond de son cœur.

Le bal des amours tint ses promesses.

Relâché par l’aigle, le prince Andréa se consola en choisissant une jolie jeune fille, Briséis, comme cavalière.

Ébloui par sa beauté orientale et son charme juvénile, il l’entraîna dans les jardins où ils échangèrent un baiser fougueux prometteur d’un avenir radieux.

On dansa jusqu’à une heure avancée de la nuit puis chaque participant regagna son île, emportant le souvenir d’un mémorable événement d’amour.