mardi 8 décembre 2020

Louis aux cheveux d'or

 



Dans un royaume bleuté où les biches et les lièvres vivaient en bonne intelligence, un jeune homme habitait près d’une rivière, dans une maison de briques rouges qui étincelaient au soleil.

Sa chevelure blonde ne pouvait pas passer inaperçue, ce qui lui valait le surnom de Louis aux cheveux d’or.

Il était coutelier et prenait un grand plaisir à affûter les lames et à sculpter le manche du couteau de roses et d’edelweiss, ce qui faisait de ces outils de véritables œuvres d’art.

Un soir, une tempête de neige s’étant déclarée après une journée de beau froid, une jeune fille encapuchonnée dans un manteau d’hermine frappa à sa porte.

Louis s’empressa de lui faire goûter la chaleur du feu, lui servit un vin chaud aux épices dont il avait le secret puis, lorsqu’elle fut un peu réchauffée, il lui prépara un bain au lait d’amandes douces et l’invita à enfiler une jolie tenue capitonnée d’angora qu’il tenait de sa grand-mère.

Toute rose et magnifique dans son déshabillé charmant, ses longs cheveux bouclés d’un brun lumineux lui tombant à la taille, Sarah apparut à Louis comme la belle des contes.

Ils s’assirent à nouveau, près du feu, se régalèrent d’un bouillon aux perles et de confit d’oie qu’Anna, la gouvernante de la maison, servit en proposant une assiette de champignons à la crème en guise d’accompagnement.

Anna leur servit ensuite des cannelés et de la crème à l’angélique.

Ce délicieux repas terminé, les jeunes gens parlèrent de leur vie quotidienne.

Les couteaux firent une belle impression à Sarah qui, de son côté, enchanta Louis en lui dévoilant le contenu de son panier.

Elle était brodeuse et se rendait à la ville pour y présenter ses ouvrages.

Quelle beauté ! murmura Louis, remerciant le ciel d’avoir déclenché cette tempête de neige qui lui avait permis de rencontrer la plus talentueuse jeune fille qui soit.

Ils eurent de la peine à se séparer et lorsqu’ Anna eût conduit Sarah dans sa chambre, Louis demeura rêveur avant de s’emparer d’une belle pièce de bois qu’il entreprit de sculpter.

Il passa la nuit à réaliser une œuvre magistrale qui fit jaillir du merisier une beauté à l’effigie de Sarah.

Il s’endormit à l’aube et lorsque Sarah s’éveilla, elle s’aperçut que la tempête de neige s’était calmée.

Elle but du café chaud servi par Anna et mangea du pain et de la confiture de myrtilles à belles dents.

Puis elle entendit des grelots.

Au village, on s’était inquiété en constatant son absence et le maire avait envoyé une calèche conduite par un artiste peintre qui participait à un festival artistique où la brodeuse était conviée.

Sarah écrivit une jolie lettre de remerciement destinée à Louis pour son accueil chaleureux et laissa une nappe brodée et un col de dentelle pour appuyer la délicatesse de son offrande.

Elle partit pour le village et lorsque Louis s’éveilla, il eut à la fois la douceur du présent, le charme de la lettre et le désespoir créé par le départ de celle qu’il aimait déjà.

Il fit des retouches à la sculpture qui devint une pièce maîtresse révélatrice de son art.

Il rêva beaucoup, se demandant quelle tournure prendrait sa vie et alors qu’Anna s’apprêtait à servir le potage, un bruit de grelots se fit entendre.

Sarah, rayonnante, couronnée de fleurs, le trophée des brodeuses à la main, fit une entrée triomphale dans la maison qu’elle faisait sienne, se laissant embrasser par un jeune homme aux cheveux d’or, son prince d’amour dorénavant !

 

 

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