vendredi 5 mai 2023

Le royaume du griffon d'or


Dans le palais doré mis à sa disposition par le griffon ravisseur, Ondine se morfondait.

Ses fenêtres éclairées par le soleil donnaient sur la mer et chaque jour, Ondine espérait voir un navire à l’horizon.

Son cœur battait au souvenir de Lorenzo et elle rêvait de le voir apparaître sur le rivage tout en redoutant cet espoir : Lorenzo devrait livrer bataille contre le griffon et cela, elle ne le souhaitait à aucun prix.

«  Qu’il vive » ! priait-elle et lorsque le griffon venait lui faire sa déclaration d’amour quotidienne, elle restait prudente, souriant poliment.

« Si vous acceptez de m’épouser, belle Ondine, vous serez la reine de ce royaume. Vous porterez nos enfants, de jolis petits griffons mais aussi des bambins à l’image de votre famille, de futurs écrivains et poètes ».

En choisissant ses mots, Ondine répondait invariablement qu’elle était promise à Lorenzo et qu’il lui était impossible de renier sa parole.

Porphyro le griffon d’or soupirait de dépit et s’éclipsait non sans avoir laissé sur la table du dîner un joyau ou une parure de plus en plus somptueux.

Ondine émit le souhait de disposer d’un bureau pourvu d’une écritoire, de crayons, de pinceaux, d’encre de Chine et de parchemins.

Ce matériel lui permit d’écrire un hymne à l’amour qu’elle éprouvait pour Lorenzo.

Elle demanda ensuite à Porphyro de se rendre sur le rivage pour collecter des coquillages afin d’embellir ses écrits.

«  Je vous accompagnerai car je ne tiens pas à ce que vous me faussiez compagnie, ma chère enfant » et d’un commun accord ils fixèrent un horaire pour les promenades en bord de mer.

Porphyro fit appel à une couturière de talent pour qu’elle crée des toilettes appropriées au bord de mer, des tenues idéales, océanes et faciles à porter.

Ainsi vêtue, Ondine avait l’impression d’être une fée de la mer et l’espoir d’une libération renaissait en elle.

Elle choisissait soigneusement ses coquillages puis, de retour dans ses appartements, elle les nettoyait et leur donnait du lustre, une fois secs , au pinceau.

Ses écrits étaient exceptionnels, ainsi parés.

Un jour, Porphyro s’assoupit sur la plage. Ce court instant de répit lui permit de découvrir une grotte dissimulée derrière des rochers.

Elle y courut, s’assura qu’il n’y avait pas de bête sauvage à l’intérieur et s’y avança prudemment.

Cet antre naturel avait été aménagé par les sirènes. Après leurs ébats amoureux dans les palais marins, les amants étaient déposés dans la grotte où ils retrouvaient leur vigueur première grâce aux bons soins de petites fées qui les massaient, enduisant leur corps d’huile de noix de coco et les régalaient d’excellents plats à base de poissons, de crème aux œufs de mouette parfumées d’hibiscus.

Le mobilier avait été conçu avec de la nacre, des perles et des bénitiers géants.

Ondine s’allongea sur un lit de coquillages rembourré de laine, de coton et de soie. Elle s’endormit rapidement et rêva que Lorenzo venait la chercher dans ce royaume du griffon d’or.

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