Louis le Maudit

Dans un royaume éloigné de l’archipel gardé par des dauphins et des sirènes, vivait un prince connu sous le nom de Louis le Maudit tant il semblait être né sous une mauvaise étoile : chutes de cheval, défaites lors de tournois, blessures causées par des travaux quotidiens, la liste était longue !

Un jour, alors qu’il se promenait sur le rivage d’une mer intérieure, il trouva une jolie jeune femme vêtue d’une longue robe blanche évanouie au milieu d’un lit de coquillages.

Le prince Louis fit appel à son escorte pour que l’on ranime la jeune femme puis qu’on l’emmène à son palais.

La jeune fille fut confiée aux dames d’honneur du palais et lorsqu’elle descendit dans la salle d’apparat du palais princier, elle resplendissait à la manière d’une étoile.

Le repas fut émaillé de gestes maladroits du malheureux prince, chute de couverts notamment.

De surcroît, lorsqu’il voulut parler, il fut saisi par un bégaiement ininterrompu, ce qui l’incita à se taire.

D’un geste, il appela ses musiciens et le repas se poursuivit au son de lais et de rondeaux.

Un troubadour retint l’attention de la jeune femme. Elle quitta la table du festin pour le rejoindre et improvisa un chant en réponse à la déclaration courtoise.

Cependant le prince Louis eut l’étrange impression que le chant de la jeune femme lui était adressé et à partir de ce moment, les gestes maladroits et autres incongruités s’estompèrent pour disparaître totalement.

Délivré de son bégaiement, le prince put échanger quelques mots avec son hôtesse et il apprit qu’elle se nommait Mélody.

«  Un joli nom qui vous va à ravir » prononça-t-il sans la moindre erreur et il en fut si heureux qu’il baisa la main de sa protectrice.

Les jours suivants se déroulèrent sous les auspices du bonheur et l’épithète de «  maudit » s’effaça progressivement : plus de chute malencontreuse, de bévues en tout genre, le prince était littéralement métamorphosé.

 «  Je vous dois cette renaissance, chère Mélody. Il me semble à présent que je ne pourrai plus vivre sans vous. Acceptez-vous de m’épouser ? Je jure de vous chérir toute ma vie » dit le prince à sa fée du bonheur.

Mélody lui demanda de lui accorder un temps de réflexion et pour appuyer ce qui ressemblait à une dérobade, elle lui révéla que ses origines étaient populaires. En se promenant dans un bois, cueillant des pervenches et des brins de muguet pour réaliser une belle vente sur le marché du village, elle fut approchée par une fée des sources.

La fée l’avait dotée d’un pouvoir qui prendrait fin avec sa mission : délivrer le prince Louis d’un enchantement maléfique qui faisait de lui le champion de la maladresse.

«  Je pense que ma mission est terminée puisque vous êtes guéri. Je dois donc retourner dans ma chaumière et vous laisser dans votre palais » dit-elle en effectuant une jolie révérence.

Le prince Louis l’assura que ses origines modestes ne changeaient en rien ses projets.

«  Le cœur n’a pas de blason ajouta-t-il, il bat au rythme de l’aimé(e) et en l’occurrence, c’est vous ».

Mélody fut très sensible à cette déclaration et elle consentit à échanger un baiser de fiançailles avec le prince qu’elle chérissait depuis le premier instant de leur rencontre.

La fée des sources fit parvenir une corbeille de fruits et de fleurs au palais ainsi qu’une multitude de cadeaux choisis, rouleaux de soie et de satin et bijoux de prix.

On commença les préparatifs du mariage auréolé de l’arc-en-ciel du bonheur.