jeudi 4 juillet 2024

Dentelle et poésie


 

 « Dans le vieux parc solitaire et glacé,

    Deux formes ont tout à l’heure passé ».

Je suis faite de bribes de poèmes, c’est ainsi.

Pour donner de la densité à ma personnalité, jadis je portais des gants de dentelle. Toute ma famille paternelle ayant travaillé dans le tulle, broderie connue sous le nom de « Dentelle de Calais », j’ancrais ainsi mon pauvre navire balloté par les vents dans le giron familial voué au travail, exclusivement le travail. Mon travail, lorsque j’étais jeune fille, consistait à étudier poèmes, romans, essais, pièces de théâtre, ce qui était paradoxal et m’éloignait de ces métiers où des ouvriers, noirs des effets du plomb s’activaient en cadence, avec le roulis de la navette passant d’un bord à l’autre de ces tissus fabuleux dont une princesse anglaise fut la dernière à éblouir le monde dans sa robe de mariée.

« Toujours draps de soie tisserons

   Et n’en serons pas mieux vêtues ».

Ainsi commence la Complainte des Tisseuses de soie, unique texte du Moyen-Âge où l’on voit apparaître celles qui ne parviennent pas à vivre du travail exténuant auquel elles sont astreintes.

Ma tante Marie, aujourd’hui centenaire, demeurée célibataire pour ne pas abandonner ses parents, a travaillé toute sa vie dans le tulle, à l’usine d’abord puis chez elle pour soigner mon grand-père. Elle recréait les motifs qui avaient été accrochés par le métier. Lorsque nous venions lui rendre visite, nous la trouvions près de la fenêtre, l’aiguille à la main. Des flots de tulle étaient sa traîne de mariée. Elle avait épousé le travail, Dieu exigeant aussi cruel que les divinités des tragédies grecques.

Son unique coquetterie consistait à mettre de la brillantine Roja sur ses cheveux épais et bruns, tressés en couronne et maintenus par un filet.

« Propreté, correction, travail », telle aurait pu être sa devise. Un jour, alors que nous parlions de la fameuse robe de mariée de la princesse, elle m’a chanté un refrain des ouvrières tullistes. « Pour nous, la vie n’est pas toujours rose », ainsi commençait le couplet. La chute consistait à dire avec fierté aux jeunes filles qui portaient ces robes de rêve, qu’elles y seraient, elles pauvres ouvrières, mal ficelées dans des robes grossières, pour quelque chose. « C’est avec le travail de nos mains, de notre corps tout entier que vous pourrez être belles », c’était en substance le message adressé à celles qui vivaient dans des châteaux.

« Et nous sommes en grande pauvreté

   Quoique riche soit de nos gains

    Celui pour lequel nous peinons »

dit encore la complainte, avec une résonance moderne. Les capitaines d’industrie de notre temps broient ceux qui enrichissent leur capital. Remarquons que le terme « ouvriers » noble s’il en est, a disparu du vocabulaire actuel. On passe directement du produit à l’état brut à l’ouvrage fini et commercial.

La transformation est passée sous silence car il faudrait mentionner le travailleur, mot passé aux oubliettes de l’histoire française.

Ma tante Marie ne se plaignait jamais. Elle était fière de sa pauvreté, alléguant ainsi qu’elle ne devait rien à personne. Un Cyrano de Bergerac en jupons : ne pas aller très haut peut-être mais tout seul.

Il en allait ainsi de toute ma famille paternelle, à l’exception de mon père, désireux de connaître le confort et d’aller plus haut. Fières de sa réussite, ses sœurs ne manquaient pas de lui dire : « Tu nous laisseras quelques cartes de visite pour les enterrements », car elles étaient heureuses de la mention « Secrétaire Général de Mairie » qui était jointe à son nom. Cela faisait chic !

mercredi 3 juillet 2024

Éloïse et la bonne fée Iris

 

  

Tout de mauve vêtue, la fée Iris se hâtait vers l’immeuble de la zup où l’attendait une petite fille, une certaine Eloïse à laquelle Iris souhaitait offrir tous les dons pour la simple raison que ce bébé était né dans un milieu pauvre ; de ce fait, les parents ne pourraient donner à leur fille les cours de danse, de musique, de comédie, sans lesquels la grâce et la beauté ne peuvent exister. Iris emportait un minuscule hochet d’or serti de diamants. Certes les temps avaient changé mais la tradition voulait que les fées de bon renom se munissent d’objets rarissimes, et quoi de plus extraordinaire qu’un hochet d’or serti de diamants pour une petite Eloïse qui ne saisirait pas dans sa menotte le vulgaire hochet rose de plastique agrémenté de bouliers que l’on achète dans les grandes surfaces ? Ses parents n’y auraient pas songé : l’imagination, cela s’achète également, et Amandine, la mère d’Eloïse ne lisait jamais de revues. Toute songeuse, Iris sonna. Un homme au visage morne lui ouvrit « Je suis une assistante sociale » dit Iris avec un sourire enchanteur « et je viens voir votre petite Eloïse ». L’homme fronça les sourcils « Pourquoi une assistante sociale ? Nous savons nous occuper de la gosse … » oh ce vocabulaire ! un interdit pour la beauté songeait Iris mais elle reprit aimablement : « Certes, nous connaissons votre dévouement. Néanmoins nous souhaitons une rencontre harmonieuse de votre fille avec le monde terrible qui l’entoure et nous voulons nous efforcer d’apporter une amélioration à sa condition » ; L’homme ne comprenait guère le sens de ces phrases mais il fut séduit par la grâce d’Iris et son sourire enveloppant. Il la laissa s’approcher du berceau. Un petit être radieux vêtu d’un pyjama bon marché s’offrit à la vue de la fée qui incontinent lui présenta le hochet magique. La petite s’en saisit avec avidité puis laissa tomber le jouet trop lourd pour elle. Toutefois Iris avait eu le temps durant ce bref instant de lui insuffler la magie de la beauté sous toutes ses formes : Eloïse saurait danser, parler, rire avec élégance, chanter. Saurait-elle aussi mourir ? se demandait Iris avec angoisse en sortant du modeste appartement. La mort est escamotée dans les contes de fées anciens, on la retarde sans la vaincre. Avait-elle offert quelque chose d’utile si la beauté était ainsi vouée, quoiqu’il arrive, à l’anéantissement ? Iris doutait de sa condition de fée ce qui est très fâcheux : pour être efficaces, ces personnes ne doivent jamais se poser de questions …

Cependant Eloïse grandit, parée de tous les dons de la plus belle des marraines. C’était un enchantement de la regarder. Au retour de l’usine, Amandine relevait fièrement la tête en allant chercher la petite Eloïse à la garderie d’enfants. De ses mains abîmées par le travail, elle trouvait le génie de confectionner des robes pour ses poupées.

Eloïse devenait la reine de la banlieue. Les voyous eux-mêmes lui constituaient une escorte d’honneur et inventaient une suite au petit chaperon rouge qui, à l’image d’Eloïse, séduisait le loup, le caressant même à rebrousse-poil. A 13 ans, elle était si belle et par ailleurs si éminemment bonne qu’elle était adorée par les jeunes gens du quartier. Son regard bleu se posait comme un papillon lumineux sur son entourage puis prenait son envol vers l’éternel azur. Ses petites mains semblaient des étoiles et son sourire était si pur que personne n’osait lui parler d’amour jusqu’au jour où un jeune prince motorisé fit une entrée bruyante dans sa vie. Etonnée, elle le regarda caracoler sur une monture d’acier rutilante. Aurais-je trouvé celui que je cherche ? se dit-elle. Tous ses amis pleuraient, maudissant l’arrivée du traître qui emmènerait leur belle amie.

Vêtu de cuir noir, Arnaud de Volraye cachait une âme romantique sous une apparence de loubard évolué. Emu jusqu’aux larmes à la lecture du Grand Meaulnes et des filles du Feu, il vouait un véritable culte à ces divines héroïnes et croyait retrouver réunies – folle vision- Yvonne de Galais, Sylvie et Aurélie en la personne d’Eloïse. Sa raison ne put y résister et il devint subitement fou. Ma beauté serait donc une arme ? se demandait la malheureuse Eloïse très choquée de cet inattendu point final à une histoire d’amour qui paraissait si attrayante puis elle se souvint des romans de chevalerie qui la passionnaient dans l’enfance. Comme elle admirait ces chevaliers qui s’enfonçaient hardiment dans les pays de la Mort pour arracher à ses griffes leur bien-aimée enchaînée à un dragon terrifiant ! Ne devait-elle pas oublier sa condition féminine et partir à l’assaut du château fantôme où se mourait le prince fou ?

Eloïse partit sans plus hésiter. Elle était joliment vêtue d’une combinaison pervenche et portait un petit sac amoureusement brodé par sa mère. Sa seule parure consistait en une médaille d’or ; en guise de talisman, elle emportait le hochet. Toute à sa réflexion, elle ne s’apercevait pas que s’estompait le paysage qui lui était si familier et qu’une route sinueuse s’offrait à elle pleine de ces forêts oubliées qui n’existent que dans les légendes. J’ai omis de mentionner qu’elle était chaussée de petites bottines de cuir. Ce détail a son importance. Elle devait en effet marcher longtemps pour trouver le château de la Reine des fées où se mourait le prince fou.

Elle marcha tant et tant que lorsque les hautes tours du château se dressèrent enfin devant elle, quarante années s’étaient écoulées et ses jolis cheveux blonds étaient devenus blancs. Ce fut donc une adorable grand-mère qui franchit d’un pas un peu hésitant le pont levis gardé par des gargouilles vivantes.

Eloïse n’avait rien perdu de sa fermeté d’âme et c’est d’un œil lucide qu’elle osa regarder la Reine éternellement jeune qui lui était apparue au détour d’un corridor.

« Eloïse, dit la Reine, je sais que tu es venue chercher le prince. Puis-je te tendre un miroir ? » Eloïse contempla sans mot dire son visage fané mais elle répliqua d’une voix douce « Certes la beauté de mon corps s’est enfuie mais je peux t’assurer, ô Reine, que la jeunesse est demeurée intacte en mon cœur. Si le prince m’aime toujours, je suis prête à tout tenter pour le délivrer même si cela te semble ridicule ».

« Faites venir le prince » dit simplement la Reine. Lorsqu’il apparut, Eloïse faillit s’évanouir de dépit. A l’abri du temps dans le château de la reine, le prince avait conservé sa jeunesse et sa beauté était telle qu’il semblait à Eloïse que son cœur se rompait. N’allait-il pas se moquer de ses attraits d’un autre âge ? Elle serra machinalement le hochet magique dans sa petite main ridée. Dans un fracas de tonnerre, Iris apparut dans toute sa beauté d’arc-en-ciel tandis que se déployait la blonde chevelure d’une Eloïse plus jeune et plus jolie que jamais.

« Eloïse ? » s’écria le prince subitement guéri. Ce petit moment d’éternité fut mis à profit par la reine des fées pour ordonner l’entrée des couples princiers célèbres. Le chat botté ouvrait la marche. Il avait fière allure dans ses habits chamarrés mais prenait garde à ce que la reine Cendrillon ne marchât sur sa queue ornée d’un ruban aux couleurs du temps, cadeau de la fée qui avait présidé à la destinée de Peau d’Ane, laquelle s’appuyait gracieusement sur son prince bien aimé. Le cortège se déployait avec magnificence. On distinguait çà et là des êtres merveilleux entre tous ; la Belle et la Bête dépouillée de toute laideur s’avançaient escortées par des suivantes qui étaient toutes des roses à visage humain. Un prince attirait le regard : c’était Riquet à la Houppe car son intelligence éclatait dans ses beaux yeux. Le petit Poucet fermait la marche, les bottes de l’Ogre sur l’épaule. Il était chaussé pour la circonstance d’adorables petites bottines confectionnées par le peuple des lutins. Un orchestre invisible attaqua le Beau Danube bleu et les couples se mirent à valser. Le chat s’inclina avec tant d’élégance devant la fée Iris qu’elle s’abandonna dans ses bras. Bien lui en prit : le chat était si bon danseur qu’ils obtinrent le premier prix d’un jury où figurait une fée russe habituellement intraitable.

Cette fois, elle donna la note maximum et Iris, rose de plaisir, renonça une fois pour toutes à ses hésitations nées d’une trop grande fréquentation du MLF de banlieue.

Tout à leur amour, Eloïse et Arnaud n’avaient encore rien vu et lorsqu’ils se décidèrent à jeter les yeux sur leur entourage immédiat, ce fut pour assister à l’offensive de la fée Carabosse escortée de loubards redoutables et motorisés. Elle avait décidé de se venger de la reine des fées qui l’avait reléguée dans un bidonville désaffecté pour la punir de la destruction du palais de Dame Tartine.

Arnaud fit face avec un tel courage que les motos se cabrèrent et que les loubards prirent la fuite à pied sans se soucier des malédictions de Carabosse qui se transforma incontinent en une vieille dame digne. « Tu seras attachée aux bonnes œuvres – Va Carabosse » dit la Reine et Carabosse s’en fut, un jeu d’aiguilles à tricoter dans son grand sac noir. « Voulez-vous que nous parlions de vos noces ? », la reine s’était approchée du couple et souriait à l’évocation des jours inoubliables qui se préparaient. « Ne précipitons pas les choses » dit Eloïse en rougissant. « Je ne sais pas si le prince m’aime suffisamment pour m’épouser. - Voici une réplique qui me prouve que nous vivons un conte de fées moderne, rétorqua la reine et mon rôle est terminé ». Elle se tourna gracieusement vers Iris, et lui tendit sa baguette magique. « A vous l’honneur de présider ma chère, je vais enfin me retirer dans ma maisonnette de campagne. Il y a longtemps que mon époux, l’un des sept  cygnes d’Andersen, m’y attend ». La reine disparut à ces mots et s’évanouit également le cortège des couples d’autrefois. « Que faisons-nous ? » dit Iris « Dois-je me défaire de cette baguette magique et organiser votre mariage dans la tradition de votre banlieue d’origine ? »

Eloïse dit en pleurant de tendresse qu’elle souhaitait seulement la présence des êtres qu’elle chérissait et que le reste lui importait peu. Le chat qui avait oublié son chapeau entendit ces mots. « Ne croyez-vous pas qu’en tournant le dos au passé vous feriez preuve d’égoïsme ? dit-il en lissant ses moustaches. Ma chère Iris, vous qui dansez à merveille, permettez-moi d’être le lien entre le passé et le présent. » Il se transforma incontinent en un jeune homme si doux, si élégant et si pensif qu’Iris le choisit sans regret comme son époux.

Que les noces soient doubles !  s’écria-t-elle gaiement  et l’on vit réapparaître toute la joyeuse assistance de naguère. S’y joignaient les parents d’Arnaud et d’Eloïse nullement déconcertés par tant de magnificence. Les noces furent si belles que l’on aura besoin d’un autre récit pour les évoquer. Sachez seulement que Cendrillon y dansa le soulier de satin et que la Belle au bois dormant fila et tissa un ouvrage d’une telle perfection qu’on décida de renoncer définitivement aux machines pour la réalisation des œuvres délicates. Eloïse obtint un coupon de cette mousseline et refusa d’en indiquer la destination mais, bien entendu, vous avez deviné qu’elle songeait à la robe de baptême de son premier né.


 

mardi 2 juillet 2024

Blanchefleur

 

 

 

Du haut de son donjon, Blanchefleur scrutait l’horizon afin d’y apercevoir, au loin, l’escorte de celui qu’elle aimait passionnément, son époux, Eudes du Loiret.

Il lui avait fait parvenir, de cet orient qu’il avait voulu rendre au Christ, mille coffres de tissus, bijoux et parfums aux senteurs inestimables.

Des maîtres jardiniers exécutèrent, selon les plans qu’il avait fournis, la création de jardins qui devinrent paradisiaques lors de leur achèvement.

Orangers, abricotiers, vignes et rosiers en abondance dessinèrent bientôt les contours d’un véritable Eden.

Un jardin d’amour avec buissons odorants, fontaine et volière, présentait la particularité d’avoir en son cœur, un édifice charmant où l’on pouvait se reposer, lire, écrire et écouter des chants car Eudes avait également envoyé à sa dame, des troubadours habiles au chant, à l’art de la vielle et de l’épinette.

Mais ce qui avait le plus charmé la belle Blanchefleur au teint de lys et aux pommettes rosées et ambrées, c’était une lettre dans laquelle le comte exprimait tout son amour.

La comtesse avait enfermé le précieux parchemin dans un coffret en bois de rose et elle en connaissait le contenu par cœur.

«  Ma belle, ma bien-aimée, semblable à la fleur de lys, au doux parfum de rose, je me meurs loin de toi. Il m’arrive de servir de diplomate et de rencontrer les émirs que nous affrontons jour et nuit et lors de ces entretiens complexes, je suis accueilli, avec ma délégation, dans de merveilleux jardins où jasent les fontaines et chantent les oiseaux, en volière.

On nous sert du thé parfumé à la menthe et des pâtisseries au miel adoucissent ces instants parfois âpres et tendus.

Je souhaite que tu puisses savourer ces moments où le temps semble suspendu, où la beauté du monde éclate aux yeux de tous et je t’envoie  donc plans, maîtres d’œuvre et jardiniers qui t’aideront à reproduire ces jardins d’Eden.

Mais ce que je souhaite le plus au monde, c’est de te retrouver dans notre lit en bois de chêne et de t’enlacer dans des transports jusqu’à l’extase durant de longues et délicieuses nuits.

Mon amour, ma beauté, il me tarde de te revoir et de te serrer aux yeux de tous, sur ma poitrine où bat un cœur qui n’appartient qu’à toi.

Je t’aime et serai ton époux aussi longtemps que Dieu le voudra.

A toi, ma bien-aimée, ma femme au corps de reine et au visage d’ange, ton époux, bien marri d’être séparé de toi, Eudes le Valeureux aux dires de tous, ici, près de Jérusalem que nous ne tarderons pas à quitter, enfin délivrée !

Je t’embrasse et te redis mon amour, sans tache, enchâssé dans un cœur qui n’appartient qu’à toi pour l’éternité ».

Blanchefleur ne put retenir ses larmes en découvrant ce cri d’amour et elle s’empressa d’ordonner la réalisation de ces jardins qui avaient tant plu à son époux puis elle attendit son retour.

Mais les jours, les mois, les années passèrent. De nombreux chevaliers revinrent chez eux et aucun ne put donner de nouvelles d’Eudes le Valeureux.

Puis cette terrible escorte, vêtue de noir, arriva aux portes du château et l’on apporta à Blanchefleur la dépouille de son époux, tué au combat par celui-là même qui l’avait si bien accueilli dans ses jardins.

Le combat avait été terrible comme le rapportèrent les écuyers et c’est d’un coup de sabre que le comte mourut, non sans avoir infligé au préalable, maintes blessures, à son ennemi.

Après avoir ordonné et présidé de grandioses funérailles, toute vêtue de noir, Blanchefleur se retira dans le patio de son jardin d’amour et c’est alors qu’une colombe lui apporta une tulipe d’or qui portait, enroulé sur sa tige, le message suivant : «  Cherche le royaume de la tulipe d’or et de ses preux chevaliers et tu trouveras la paix de l’âme ».

Profondément émue par ce message venu des cieux, Blanchefleur regagna les appartements de son château, enferma la tulipe d’or et son message dans le coffret qui contenait la lettre de son époux puis réfléchit longuement à son curieux destin.

Le lendemain, elle renonça à porter le deuil et se comporta comme si son mari devait revenir auprès d’elle.

Elle se renseigna sur les chevaliers qui auraient pu voir son mari sur un champ de bataille et décida de respecter ses dernières volontés en ordonnant des fêtes dans les jardins. Elle lança des invitations avec l’espoir de trouver un compagnon de la tulipe d’or pour se mettre à la recherche du fameux royaume.

C’est ainsi que la quête de la belle Blanchefleur commença!