dimanche 28 juillet 2024

Interprétation d'un songe




Asuncion eut l’agréable surprise d’être introduit immédiatement auprès du maître des lieux, Philibert le Beau, à l’énoncé du motif de sa visite.

Après les salutations d’usage et une collation partagée, le prince prit la parole :

« Sachez, noble Asuncion, que je suis conscient d’avoir offensé votre princesse dont je souhaitais faire mon épouse. Je le désire encore ardemment si elle consent à me pardonner car je ne trouverai pas sa pareille dans le monde. Pourquoi me suis-je enfui comme un voleur, entraînant à ma suite mon escorte interloquée ? Un songe en est la cause ».

Philibert décrivit avec minutie et une honte apparente les étapes de ce rêve ravageur, ajoutant qu’en entrant dans le château, il avait ressenti une curieuse impression, celle d’un souvenir vécu attaché à ce lieu.

«  Pardonnez-moi, mon prince, je ne suis qu’un villageois et ces pensées propres aux préoccupations des princes me sont étrangères. Permettez-moi de vous présenter un prince oriental rencontré en chemin. Il chasse au faucon et il sera certainement intrigué par votre songe. En sa qualité princière, il pourra peut-être vous aider à interpréter ce rêve et aura sans doute une idée pour requérir le pardon de notre princesse ».

Philibert trouva l’idée excellente et il dépêcha son majordome pour prier le prince Abdallah de le rejoindre en son château.

Par ailleurs, il donna des ordres pour que l’escorte soit accueillie dans un confort optimal et sur les conseils d’Asuncion, il octroya des appartements dignes de son talent à Gloria qui rejoindrait, si elle le souhaitait, les cuisines du château afin de joindre ses connaissances en gastronomie au savoir-faire d’une équipe pleine de ressources.

Mis au fait de la teneur du songe, le prince Abdallah demanda un temps de réflexion avant de s’exprimer. Dans son pays précisa-t-il, on attachait beaucoup d’importance aux rêves et il arrivait que l’un d’eux soit à l’origine d’une action incompréhensible pour le commun des mortels.

Il réclama la présence de son devin personnel, l’informa des éléments constitutifs du songe qui avait précipité la fuite d’un prince pourtant amoureux de la belle Roxane.

Des hanaps d’hydromel et de jus de fruits circulèrent pour faciliter l’interprétation d’un songe destructeur.

Blinis à la  gelée de rose, gravlax de truite, vol-au-vent de ris de veau, plateau d’écrevisses et de poissons de rivière marinés aux plantes aromatiques et additionnés de jus de citron ou d’épices réjouirent le palais des invités et de leur hôte.

Enfin, à la demande des princes, le devin rendit ses conclusions.

Philibert le Beau avait été victime d’un envoûtement.

Selon les cartes propres à la divination, aucune princesse séjournant dans le château de Roxane n’avait subi l’affront infligé par un prince couard. De plus, aucun ancêtre de Philibert ne s’était rendu dans un lointain château pour y réveiller une princesse endormie.

La fuite du prince pouvait donc être pardonnée s’il présentait à Roxane des excuses appropriées.

Philibert le Beau remercia ses hôtes de leur précieux concours, souhaita qu’Asuncion envoie un courrier ailé à la princesse pour lui annoncer la bonne nouvelle.

Le prince se retira vivement dans ses appartements pour écrire une lettre d’excuse destinée à la princesse, y ajoutant, par petites touches, des mots d’amour.

Des pigeons dressés pour le courrier ailé transportèrent les messages d’Asuncion et de Philibert concourant à restituer à la belle Roxane le rétablissement de son honneur de princesse et de femme !

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