dimanche 28 juillet 2024

Noces princières

 


Réconfortée par les messages qui lui étaient parvenus par la voie ailée, la princesse Roxane se remémorait avec ravissement la demande en mariage du prince Philibert le Beau inscrite avec la demande de pardon pour son départ précipité.

Ainsi donc, cet homme a cru à un songe se disait-elle. Ce n’était pas, à ses yeux, un manque de virilité mais la preuve d’une sensibilité qu’elle appréciait.

Elle mit à profit le laps de temps protocolaire durant lequel le prince Philibert se préparait au mariage pour organiser une cérémonie haute en couleur et respectueuse des traditions de sa famille.

Elle embellit considérablement le pavillon du jardin d’amour, pensant qu’il abriterait leurs jeunes élans passionnés.

Du rêve à la réalité se disait-elle en songeant à la nuit passée dans le pavillon avant de découvrir, à l’aube, que le prince avait disparu sans donner la moindre explication de cet étrange comportement.

Des corbeilles de raisin, de la gelée de fruits, des pommes d’amour et des pâtisseries venues des îles, gâteau à l’ananas, tourment d’amour, flan à la noix de coco seraient à la disposition des amants.

Elle fit poser un dais de mousseline brodée au-dessus du lit nuptial, se recueillit quelques instants dans un fauteuil de velours grenat puis elle regagna le château afin de reprendre son ouvrage de broderie, une tapisserie à l’effigie du Prince pour qu’il se sente chez lui en entrant dans cette demeure.

Ses dames de compagnie cousaient et brodaient sans relâche les pièces du trousseau, nappes, draps à jours, robes d’apparat, linge de jour et robe de mariée.

La dentelle jetait sa note lumineuse et pour se donner du cœur à l’ouvrage, les dames travaillaient au son du luth, de la harpe et du chant des troubadours.

L’ouvrage allait bon train et lorsque les pièces essentielles du trousseau furent achevées, Roxane s’ingénia à concevoir une pièce sortant de l’ordinaire pour exprimer son amour.

Elle s’enferma dans sa chambre pour confectionner, en secret, un cœur de velours pourpre qu’elle sertit de rubis, témoignage de la passion qui grandissait en son âme.

Le prince fit savoir qu’il était prêt et que les noces pouvaient être proclamées.

Il demanda à sa dame d’amour si elle avait un désir particulier, se faisant fort de l’exaucer.

Le prince Abdallah fit parvenir au château des cadeaux somptueux.

Invité au mariage, il déclina l’offre car il lui tardait de reprendre ses parties de chasse au faucon.

Il se montra fort généreux envers la princesse, la dotant de soie, de pierres précieuses et de robes fabuleuses.

Son cuisinier fit rôtir un agneau et Gloria apporta sa touche personnelle en préparant une farce à base de viande séchée, de miel et d’épices.

Elle se promettait de cuire une marmite de haricots fondants, sa spécialité.

Le cuisinier du prince Philibert façonna un gâteau à la broche, spécialité basque qu’on agrémenterait, à la dernière minute, d’une délicieuse crème d’amandes.

Tous ces préparatifs réalisés à la perfection donnèrent l’idée précise de la force d’amour qui allait s’emparer du château durant plusieurs jours de liesse.

En pénétrant dans le château, Philibert le Beau mit un genou à terre face à sa dame qui sentait son cœur bondir dans sa poitrine.

Les beaux yeux de la princesse s’emplirent de larmes de bonheur.

Toute à sa joie, elle n’oublia pas de remercier Asuncion qui avait eu le courage d’aller à l’aventure chercher la résolution d’une énigme singulière.

Des étendards pourpre et or garnirent les murailles du château, des flambeaux rougeoyèrent pour proclamer à la ronde que des noces fabuleuses allaient unir deux cœurs purs, épris de lumière et de bonté.

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