jeudi 25 juillet 2024

La princesse oubliée


Dans un château lointain vivait une princesse que tout le monde avait oubliée.

Loin de se morfondre dans un noir chagrin, la princesse Roxane qui était d’une beauté à couper le souffle, s’était ingéniée à vivre en oubliant la venue problématique d’un prince charmant.

Après un apprentissage de brodeuse chez une fée du village, une artiste notoire, elle s’était tournée vers les charmes du jardinage, cultivant des légumes et formant une roseraie qui attirait le regard et plaisait aux oiseaux.

Roxane apprit l’équitation et elle devint rapidement une écuyère émérite.

Elle prit l’habitude de parcourir les terres de son domaine sur sa jument Topaze.

Elle aimait parler aux villageois et s’intéressait à leur mode de vie.

Il lui arrivait de répondre à une invitation au pied levé et de déguster l’un des plats phare de la maîtresse de maison.

Elle prit note de recettes de cuisine, promettant de faire servir au château Kig ha Fars, Pastilla aux pigeons ou encore Langue de veau sauce madère.

Elle n’hésitait pas, en contrepartie, de dépêcher son médecin personnel si un enfant ou un membre de la famille ne guérissait pas après l’utilisation de plantes qui produisaient généralement leur effet.

La princesse est si bonne disait-on à la ronde que nous sommes heureux de ne pas voir l’ombre d’un prince à l’horizon. Il nous l’enlèverait et nous serions abandonnés à nous-mêmes. Cependant ajoutaient quelques sages, il faudra bien qu’elle se marie et qu’elle ait de beaux enfants pour la pérennité de son royaume.

Tous ces murmures devinrent une légende et une chanson écrite pour promouvoir les qualités de la princesse franchit les frontières du royaume.

«  Dans un royaume féerique, la belle Roxane attend son prince charmant. Pour la mériter, le prince devra être doté de qualités, noblesse du cœur, richesse de l’âme, dons multiples en poésie, en musique, en danse et en peinture.

Un prince guerrier ne serait pas le bienvenu car la princesse déteste la violence et veut que la paix règne dans tout son royaume ».

Cette chanson, devenue légende, parvint aux oreilles de princes en mal d’aventures.

Certains princes félons se dirent qu’un royaume mal défendu était une aubaine et que ses richesses tomberaient dans leur escarcelle.

Ils trouvèrent à qui parler sur leur route pernicieuse car les villageois, conscients de l’impact de leur chanson, avaient pris la précaution d’équiper une milice armée.

Les tristes sires avides de gloire et de richesses moururent lors de guet-apens ou repartirent, blessés et penauds dans leur manoir en ruine.

Il en vint pourtant un qui portait fièrement l’étendard fleurdelisé de son royaume.

Descendant d’un Roi de France, Philibert le Beau galopa vers le royaume de la princesse légendaire.

Il était escorté par une suite constituée de guerriers, de pages, de gens de maison, majordome, serveurs, cuisiniers.

Des muletiers venaient ensuite, protégés par des guerriers car leurs mules qu’ils guidaient avec adresse étaient chargées de cadeaux destinés à la princesse, d’ustensiles et de denrées pour confectionner des plats prestigieux et la pitance des bivouacs ainsi que des malles regorgeant de soieries, de dentelles, de vaisselle fine et de vêtements d’apparat, de chasse ou de détente pour le prince et ses compagnons.

Philibert le Beau fut annoncé à son de trompe par son échanson royal et ce fut un plaisir, pour Roxane, de l’accueillir en son manoir.

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