Dans la ville endormie, les façades des maisons restent closes. Les balcons de fer forgé sont orphelins. Les belles jupes volantées d'organdi ne les hantent plus. Les amours mortes sont emportées par les passereaux au cœur tendre. Les belles de jadis, on ne les verra plus.
Les livres aux lourds fermoirs se sont transformés en feuillets inutiles qui hantent les rues vides où errent les poètes.
La belle que tu attends, je suis sûre qu'elle est là, le visage dissimulé par un éventail de Séville. Sa robe de gitane balaie les feuilles mortes. Je la devine, frêle, un poème à la main. Son miroir reflète ton âme mais elle ne la reconnaît pas.
Tu passes près d'elle, bel indifférent, silhouette gracile étoffée par un pull irlandais et une écharpe aux reflets de moire.
Ton double erre sur les routes de la soie, à la recherche de la perle noire en son cœur irisé. Lorsque vous vous rencontrerez, en une osmose de rêve, la belle ouvrira sa fenêtre et t'appellera, toi, le fier chevalier.
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