dimanche 16 juin 2024

Errance dans le Val-sans-Retour

 



Fidélio explora le val célèbre en respectant chaque station légendaire. Lorsqu’il suivit le cours de la rivière où les lavandières venaient la nuit préparer la chemise du prochain défunt, il vit une petite fille qui dessinait une série poétique magnifiant la beauté de ce cirque naturel tout en granit et en chênes.

Une forêt entière de hêtres avait péri lors d’un incendie criminel et depuis le mécène chargé de rendre sa beauté au site avait donné la préférence au chêne.

Ainsi parée, la lande avait pris un jour nouveau qui ne déconcerta nullement les Dames du Lac, toujours souveraines en ce domaine féérique.

En progressant dans la lande, Fidélio finit par découvrir un ermitage où tout semblait avoir été préparé pour sa venue.

Miche de pain, fromage local, salaisons et pâtisseries dignes de Saint Nicolas, carafes de vin rosé et d’eau de Seltz étaient disposés sur une table en bouleau où un couvert était dressé.

Fidélio mangea de bon appétit ces mets simples et savoureux et apprécia le vin rosé qui lui donna des couleurs.

Un lit bassiné aux essences de rose l’attendait pour qu’il repose ses membres rompus par la marche.

Il s’y coucha après avoir ôté ses vêtements et enfilé une chemise de lin brodée de fleurs des champs, coquelicots, marguerites, boutons d’or et bleuets.

Il s’endormit en rêvant qu’une fée l’entourait de ses beaux bras blancs. La fée avait le visage de Rozen à qui il ne cessait de penser.

Le lendemain, après une bonne nuit pleine de rêves dorés, Fidélio prit un petit déjeuner préparé avec soin par une personne qui s’était ensuite éclipsée .

Café chaud et lait bouilli aromatisé au miel de bruyère, pain blanc, beurre en motte, confiture de fraises et gelée de groseilles, petits gâteaux aromatisés à la fleur d’oranger facilitèrent son éveil.

Il marcha ensuite, suivant à nouveau le cours de la rivière qui chantait sur les galets.

De retour à l’ermitage, il trouva une table nette et sut que la personne dévouée à son service connaissait ses particularités puisqu’un secrétaire garni d’encriers, de plumes et de papier à musique était placé face à la fenêtre pour qu’il puise son inspiration dans la nature.

Sous le regard bienveillant de cette fée au cœur d’artiste, Fidelio composa la symphonie qu’il sentait bruire en lui à la manière des feuilles ciselées qui contenaient le chant des elfes de Brocéliande.

Il écrivit avec fièvre et lorsqu’il eut terminé son ouvrage, il s’allongea sur le lit fraîchement bassiné d’herbes odorantes et s’assoupit.

Lorsqu’il s’éveilla, le fumet d’un potage velouté à l’oseille, coiffé d’un œuf poché lui apporta du réconfort. Gelées de fruits et toasts au fromage de chèvre frais servaient de trou normand. Il aurait pu également goûter un chaud-froid de poulet mais il se contenta de manger de la salade composée, jeunes pousses, dés de jambon, olives, cerneaux de noix et noisettes décortiquées.

Le dessert n’était pas oublié : une délicieuse île flottante flatta ses papilles.

Vin d’orange et limonade fraîche l’aidèrent à faire glisser ces délices du soir.

Il ne lui restait plus qu’à dormir profondément afin d’être prêt, à l’aube, à opérer un retour triomphal auprès de celle qui occupait toutes ses pensées, la belle Rozen aux doigts de fée.

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