Le pavillon d'amour

 

 

Quelques lunes passèrent et le pavillon d’amour rêvé par Madelon surgit de la terre.

D’une éclatante blancheur, l’élégante construction en marbre était richement meublée et comprenait une cuisine équipée de fourneaux et d’ustensiles que des cuisiniers utiliseraient pour concocter des repas gourmands qui fouetteraient les sens des amants princiers.

Igor commanda de la dentelle de Calais, de Valenciennes et d’Alençon et ordonna à ses couturiers de façonner une robe de mariée pour l’élue de son cœur.

Fidèle au souvenir d’Aurélien de Brabant, son premier amour, Madelon se prêta néanmoins aux nombreux essayages car elle gardait en mémoire l’empoisonnement de Pervenche et ne tenait pas à rejoindre si vite la vallée des ombres dont on ne revient pas.

Le grand jour arriva et lorsqu’elle parut, vêtue d’une robe de rêve, on eut l’impression de voir une déesse.

« Ma beauté, ma reine d’amour, mon ange venu sur terre l’espace d’une vie, je vous prends pour ma souveraine » dit Igor à l’issue de la cérémonie de mariage et il invita sa déesse à siéger à ses côtés dans un banquet où chaque détail avait été choisi pour laisser un souvenir mémorable aux convives.

Soupe d’amandes, cerises et dés de pain d’épices furent servis pour flatter les palais.

Vint ensuite un agneau cuit à la broche préparé au détail pour chaque convive sur une tranche dorée au miel avec un accompagnement d’haricots lingots transparents et fondants.

Un gâteau cuit à la broche à la mode béarnaise et une salade de cerises flambées au kirsch clôturèrent ce repas merveilleux, chaque convive se régalant d’un excellent vin de Champagne.

Igor s’éclipsa ensuite discrètement avec sa dame d’amour et il se dirigea résolument vers le pavillon d’amour préparé pour honorer sa dame de beauté.

Cordélia, la première dame d’honneur préposée à l’intimité de sa maîtresse lui fit une toilette soignée.

Vêtue d’un déshabillé en dentelle, Madelon était tout simplement éblouissante.

Après le retrait de Cordélia, Igor porta la belle mariée sur la couche de noces, lui ôta sa belle chemise de dentelle et la pressa sur son corps brûlant de désir.

Le pavillon d’amour porta bien son nom et lorsque Igor eut assouvi les rêves charnels qui l’habitaient depuis plusieurs mois, il s’endormit en tenant Madelon dans ses bras musclés d’une manière si possessive que la jeune femme souhaita s’endormir à son tour, espérant juste que les démons de la nuit ne viennent pas hanter son sommeil.