samedi 8 juin 2024

Trouble-fête

 

 


Le carrosse tant attendu ne parvint pas à sa destination, à croire que les chevaux s’étaient emballés et avaient pris un chemin de traverse , rejoignant un royaume inconnu, géré par des personnes maléfiques.

Aurélien envoya une escorte pour savoir ce qu’il était advenu de la dame de ses pensées.

Elle avait bien quitté son domicile et pris le carrosse des amours mais en chemin, des bandits avaient attaqué le convoi sacré.

D’énormes sillons labouraient le sol au point du guet-apens. Quelques gouttes de sang témoignaient de la violence imposée aux voyageurs.

Madelon avait eu l’esprit d’accrocher sa parure de diamants à une branche de chêne.

On apporta cette relique à Aurélien qui ne put retenir ses larmes.

«  Je te retrouverai, ma chérie, j’en fais le serment » dit-il face au tableau qui faisait figure en cet instant de Mater Dolorosa.

Les beaux yeux de Madelon semblaient le supplier et lui demander avec insistance de la sauver.

Ninon regretta amèrement de ne pas avoir fait partie du convoi. D’origine corse, elle savait manier le poignard et elle aurait défendu sa maîtresse à la force du poignet.

Tout à sa douleur, Aurélien prit cependant le temps de réconforter la première dame du personnel, notant dans son chagrin qu’elle aimait Madelon et la considérait comme la maîtresse du domaine.

Que s’était-il donc passé ?

Alors qu’elle rêvait de son prince charmant, Madelon fut brusquement ramenée sur terre en subissant un choc qui lui coupa le souffle.

Des bandits de grand chemin avaient coupé la route en disposant des tas de bois que les chevaux ne pouvaient enjamber.

Le choc fut brutal. Habitués aux combats, les sbires eurent tôt fait d’occire le cocher, les laquais et les serviteurs chargés de veiller au bien- être de Madelon.

Ils s’emparèrent de sa personne et l’installèrent dans une calèche noire attelée à des pur-sang arabes.

Ils ne remarquèrent pas la parure laissée à bon escient par la jeune fille.

« Elle est bien l’esprit de la forêt dit sentencieusement Aurélien et ces bandits seront châtiés : j’y veillerai de toutes mes forces ».

Surmontant son chagrin, Aurélien se fit un devoir de recevoir ses invités avec l’attention qu’ils méritaient.

La poursuite et la vengeance commenceront demain se promit-il et il prit sur lui de faire belle figure pour que les efforts de son personnel ne soient pas réduits à néant.

Au nombre des invités, Francis le Valenciennois félicita Ninon chaleureusement et l’assura qu’une âme d’artiste sommeillait en elle.

L’effigie de Madelon était remarquable. Au cours de la soirée, Aurélien crut voir des larmes de sang couler sur la représentation de sa dame.

C’étaient en fait des fruits rouges qui rendaient l’âme mais le comte de Brabant sentit son cœur se serrer et battre la chamade au terme de la soirée.

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