dimanche 7 août 2011

Adieu, Camarade !


J’avais vingt ans et je marchais aux côtés de Jean Ferrat, à distance respectable car je ne voulais pas l’importuner, dans la ville d’Antraigues où il avait choisi de vivre.
Il avait organisé une rencontre touristes – paysans avec l’espoir de favoriser l’attrait des citadins supposés que nous étions pour la Montagne ardéchoise, reprise à l’époque par tous les Français.
Comme dans les processions, il y avait des stations. Un paysan timide nous présentait sa ferme et exposait ses problèmes. Jean concluait toujours par ces mots : Tenez bon ! qu’il illuminait de son beau sourire.
Ensuite, j’avoue que je l’ai perdu de vue car je me suis tout simplement passionnée pour les problèmes de ce monde rural qu’on sentait déjà voué à la disparition.
Après quelques interventions toujours timides et succinctes de ces représentants de l’agriculture, un ténor monta à la tribune et emballa l’auditoire.
Je ne pus m’empêcher de glisser à ma voisine « Il parle bien », ce à quoi elle rétorqua en rougissant, « C’est mon mari » puis elle m’entraîna à l’écart pour me raconter leur vie. Ils étaient parisiens et travaillaient dans l’administration. En lisant Giono, ils s’étaient épris de la vie saine en ruralité et avaient fui la capitale avec un tout petit pécule et beaucoup de courage pour fonder leur exploitation. Aujourd’hui certes, ils étaient les propriétaires d’un bel élevage de chevaux, mais à quel prix ?
Je reste encore rêveuse de cet incroyable concours de circonstances qui me fit rencontrer les passeurs de témoin que furent les deux Jean, Giono et Ferrat. Aujourd’hui qui prendra la défense de la ruralité ?
Hier, aux funérailles du grand homme qu’il fut, il n’y avait que des amis.
Sa haute stature, son talent, sa modestie resteront inégalés. La belle chanson Ma France peut hanter nos mémoires. Quelle abnégation fut la sienne ! Chanter les mérites de ce pays alors qu’en sa période sombre on épingla sur sa poitrine l’étoile de David et que l’on envoya son père dans un wagon de la mort !
Avoir gardé malgré tout son âme et son sourire d’enfant relève du miracle ! Camarade, je ne peux que redire toute l’admiration qui s’empara de moi et durera toujours.
Des lettres dont la seule adresse était Jean Ferrat, Poète, France te parvenaient.
Il en fut ainsi pour Victor Hugo à qui une Antillaise avait adressé une lettre à Victor Hugo, Océan, lors de son exil à Guernesey.
Tu as cette dimension car certains poèmes mis en musique sont de véritables bijoux. Je ne parle pas des poèmes d’Aragon mais bien de ceux que tu as écrits, balisant tous les thèmes de notre siècle.
Ecoutons Jean Ferrat et donnons lui ce qu’il mérite : l’amour de tout un peuple !

2 commentaires:

  1. Merci Marguerite. Une biographie riche. Vous vivez à travers les personnages de vos contes et de vos nouvelles. Vous vivez la vie à travers les mots. Vous méritez de l'encouragement. Je vous souhaite beaucoup de réussite. Si je rencontre vos ouvrages je ne manquerai pas de les lire et de vous faire à chacun à commentaire. Ravi de vous connaître et aussi d'avoir découvert en vous un écrivain. Cordialement.

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  2. Merci pour ces encouragements ! Mes livres ne sont pas en Librairie mais on peut se les procurer facilement par Internet, soit aux éditions Publibook ou chez Amazone. Consulter la bibliographie qui est sur le côté droit du blog et entrez dans la ronde de mes livres ; de plus vous aurez accès aux dix huit premières pages de chacun de mes livres en en choisissant un . Encore merci et à bientôt !

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