Tandis que Louis de Flandre et Hugues de Malestroit dormaient paisiblement, Éric le Rouge triomphait dans son château de granit noir, ourdissant des projets de vengeance contre la reine de la Rose Bleue qui avait refusé ses avances. Il lui vouait une haine mortelle et cette colère emplissant son cœur s’était trouvée décuplée à la vue des présents dont trois hommes voulaient faire cadeau à la reine.
Il usa d’un tour de magie pour mettre les émissaires sur une mauvaise route et il fit creuser une fosse dissimulée ensuite sous des branchages dans le creux du parcours détourné.
Pris au piège comme un vulgaire gibier, Boris de l’Escaut, Philibert de Beauvais et Adrien d’Azincourt, fidèles chevaliers du prince furent livrés en un filet aux mailles serrées au terrible Éric le Rouge.
Leurs présents confisqués, ils furent jetés sans ménagement dans un cul de basse fosse avec pour toute pitance une miche de pain et un pichet d’eau. Ils y seraient sans doute restés jusqu’à leur mort au vu des squelettes qui jonchaient ce lieu sinistre si la reine de la Rose Bleue n’avait pas usé de son arme secrète, des fouines dressées pour ce type d’opération. Les fouines creusèrent un tunnel à la hauteur de la prison et leur dresseur Dagobert du Boisjoly envoya un message aux prisonniers à l’aide d’une sarbacane, leur enjoignant d’emprunter le tunnel où il se tenait afin de les conduire auprès de leur prince Louis de Flandre.
Ainsi fut fait et lorsque le geôlier découvrit l’évasion des prisonniers dont il avait la charge, il craignit, à juste titre, pour sa tête. Furieux, Éric le Rouge le décapita sans pitié, tempêtant contre l’incompétence de ses serviteurs. Le château trembla sous ses rugissements fauves mais ce déploiement furieux ne servit à rien.
Les rescapés furent accueillis au château de la reine avec magnificence.
Un cochon de lait farci de viande hachée et de champignons les réconforta. Fruits, gelées et gâteaux crémeux apportèrent leur touche gourmande qui plongea les trois hommes dans un nirvana gastronomique.
Pendant ce temps, Éric le Rouge ne calmait pas sa fureur qu’il entretenait en buvant des rasades d’alcool à base de baies de genévrier provenant du Hainaut et du Cambrésis.
Bien éméché mais suffisamment lucide pour préparer un stratagème, il conçut un plan d’attaque pour détruire le château de la reine.
Au petit jour, il arma ses meilleurs guerriers, embaucha de robustes paysans pour transporter les armes lourdes prévues pour créer des brèches dans la muraille, canons, catapultes et béliers.
Un guetteur prévint la reine d’un déplacement de troupes et de matériel de guerre.
La reine ordonna que son plan de résistance à l’ennemi soit appliqué.
Chacun s’ingénia à creuser une tranchée que l’on emplit d’eau. Fougères, branchages et herbes tressées camouflèrent le piège qui stoppa la machinerie destinée à la destruction du château.
Louis de Flandre envoya un message ailé à Charles de Bourbon, lui demandant de se mettre en marche pour prendre l’ennemi à revers .
Acculé, Éric le Rouge fut mis à mal par les forces conjuguées de la reine et du prince. Il dut relever le défi personnel de Louis de Flandre.
Le combat à l’épée fut épique mais le champion de la reine perça le cœur de l’infâme personnage qui rendit son âme au diable.
Les paysans s’enfuirent en abandonnant les machines de guerre et les guerriers d’Éric le Rouge se trouvèrent dans l’obligation de rendre leurs armes s’ils voulaient rester en vie. Ce point réglé, la reine félicita chaleureusement Louis de Flandre et lui offrit un coffret.
« Je crois que vous cherchez une rose d’argent, cher ami. La voici ! Quant à l’oiseau des Nuits de Chine, je ne doute pas que vous le trouviez dans la forêt que vous devrez traverser pour rentrer chez vous.
Je demanderai à mon oiseleur de vous aider à piéger ce bel oiseau en jouant du pipeau.
Mais en attendant, mon ami, fêtons cet événement, la disparition du nocif Éric le Rouge. Nous boirons du nectar de myrtilles pour célébrer cette délivrance ».
Sur ces mots, la reine donna des ordres aux cuisiniers pour que l’on prépare un repas de fête bien mérité.
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