Trois jours s’écoulèrent sans que l’escorte envoyée au château ne donne signe de vie. Craignant de manquer de nourriture, Louis de Flandre envoya des chasseurs traquer le gibier dont les cuisiniers feraient des plats savoureux.
Chevreuils, sangliers et lièvres furent apprêtés comme il se doit et placés au saloir. De plus, les chasseurs avaient remarqué des buissons de roses bleues. Un homme en armes accompagna les jardiniers qui firent des boutures : le prince envoya ces précieuses pousses au château, y joignant les sacs de lins contenant les roses bleues séchées. Il ajouta au présent particulier quelques pièces de gibier pour régaler son personnel.
L’attente risquant de se prolonger, le prince décida de partir heurter à la porte du château en compagnie de son porte-étendard Hugues de Malestroit.
Il chargea Charles de Bourbon, son plus fidèle guerrier de prendre la tête de l’expédition et d’attendre ses ordres par messager ailé.
Lorsqu’il arriva au château, il fut reçut par un majordome vêtu de soie bleue. Ce dignitaire chargea des palefreniers de prendre soin des chevaux puis il fit entrer les deux hommes dans une vaste salle meublée avec goût, ornée de vases en porcelaine de Chine contenant les fabuleuses roses bleues qui faisaient partie du challenge féerique proposé au prince. Il ne lui restait, à présent, qu’à trouver la rose d’argent et l’oiseau des Nuits de Chine pour accomplir les termes de la prophétie menant à l’amour.
Tandis que le prince rêvait à la dame d’amour promise, une splendide créature entra dans la pièce, provoquant un jaillissement turquoise du plus bel effet.
« Je suis la reine de la Rose Bleue et je vous souhaite la bienvenue » dit-elle à ses hôtes.
Elle prit place dans un fauteuil de velours, disposa les plis de sa robe en corolle et agita une sonnette pour que l’on apporte des rafraîchissements. Granités de lavande, gâteaux d’orient et limonade à la rose furent servis.
« Quel bon vent vous amène » ? dit enfin la reine de la Rose Bleue. Louis parla de ses trois émissaires et de leurs présents mais la reine assura qu’ils ne s’étaient pas présentés au château.
« Ils ont peut-être été enlevés par les sbires de mon voisin, Éric le Rouge, ainsi nommé pour la couleur flamboyante de sa chevelure. Il est cupide et je ne doute pas que les présents observés à la longue vue ne l’aient poussé à tendre un piège à vos représentants. S’il en est ainsi, je mettrai tout en œuvre pour délivrer vos gens et reprendre les trésors qui m’étaient destinés. En attendant, reposez-vous, rassurez votre escorte : je mets ma volière d’oiseaux messagers à votre disposition ».
Sur ces mots, la reine demanda à son majordome de conduire ses hôtes dans leurs appartements. Elle se retira après avoir esquissé une révérence sobre.
Louis et Hugues, satisfaits du plan de la reine, prirent du repos après que Louis ait envoyé un message à Charles de Bourbon ainsi libellé : « Sommes en lieu sûr. Émissaires recherchés. Prince Louis de Flandre ».
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire