mercredi 2 avril 2025

Les Barbaresques

 

 

Après avoir déposé Hélène dans un second palais remis en état par les villageois heureux d’être secourus, les chevaliers redoublèrent de prudence sur la route sillonnée par les barbaresques avides et féroces.

Forts des renseignements donnés par les villageois, les chevaliers esquivèrent bien des traquenards judicieusement tendus par les bandits.

Préférant la fourberie à un combat en ligne, les barbaresques tapissaient des trous béants creusés dans le chemin de branchages dissimulant le piège.

Outre des guerriers avertis, Eudes avait emmené des chasseurs, prévoyant que la route pourrait receler des impedimenta relevant du milieu naturel.

Les chasseurs s’étaient entourés de lévriers et de fouines qui étaient expertes dans l’art de débusquer les chausse-trappes.

La marche était rendue difficile par les études de terrain en tout genre, émoussant l’enthousiasme des débuts de l’expédition.

La chance les servit lorsque au contournement d’un dixième obstacle, ils aperçurent un nombre conséquent de bandits bivouaquant tranquillement, pensant avoir entravé le déploiement de leurs poursuivants.

Les guerriers s’en donnèrent à cœur joie, pourfendant les malfaisants sans faire de quartier.

Heureux d’avoir procédé à un nettoyage substantiel de la côte, les chevaliers envisagèrent le retour dans leur demeure.

Alors que le moral était au beau fixe et que chacun pensait à la belle qui l’attendait en son foyer, un coup du sort changea la donne.

Les barbaresques sillonnaient la mer en bateau portant éperons et canons. Un boulet s’abattit sur la troupe, causant des dommages considérables. Les survivants se réfugièrent dans un bois. Eudes ordonna aux bûcherons d’abattre des arbres et de constituer une enceinte protectrice.

Ainsi fut fait et l’on compta les vivres qui permettraient de soutenir un siège.

Les oiseleurs envoyèrent des pigeons voyageurs réclamant par messages interposés des chevaliers de secours et un navire armé pour affronter les barbaresques sur le miroir bleu où ils dominaient de manière incontestable.

Le salut de la troupe ducale provint de l’aide inattendue apportée par les épouses morganatiques des seigneurs, Myrtille et Hélène.

Apprenant par pigeon voyageur que le sort de leurs amants était incertain, les deux femmes prouvèrent qu’elles n’étaient pas seule ment belles et qu’une âme guerrière vibrait en elles.

Elles se présentèrent en bel apparat avec une escorte sans armes, munies de trésors : cascades de perles, louis d’or, coupes en métal précieux ciselé plurent aux barbaresques qui embarquèrent ce beau monde.

Les chefs invitèrent les dames à partager leur repas, lait, dattes et pigeons rôtis puis ils se mirent en devoir d’assouvir leurs désirs.

Myrtille et Hélène, peu farouches, demandèrent un instant afin de se dévêtir et d’apparaître dans un nu savant à base de fleurs.

Les musiciens de leur escorte jouèrent de la flûte et du tambourin tandis qu’Hélène et Myrtille, dans un fabuleux déhanché et une danse lascive devenaient aux yeux des chefs des proies de choix.

Myrtille se laissa tomber aux genoux d’Ingmar le Roux ; l’homme qui l’avait choisie apprécia qu’elle l’embrasse voluptueusement  et se courbe en ouvrant la voie sacrée menant à sa fontaine d’amour mais au moment où Ingmar, littéralement embrasé, s’apprêtait à porter son ultime caresse, elle sortit une dague des tréfonds de son corps et poignarda l’ennemi de son amant.

Hélène avait procédé de la même manière avec Frédéric Le Borgne, ainsi nommé depuis qu’il avait perdu un œil dans un combat.

L’escorte sans armes des deux guerrières démontra qu’elle n’avait pas été choisie au hasard.

Faisant preuve d’une aptitude à la lutte, les hommes parvinrent à désarmer les barbaresques, rivalisant de souplesse et de finesse combative.

On ligota les bandits et on les enferma à fond de cale. On hissa le drapeau au lys blanc des chevaliers en place de l’étendard noir à tête de mort des barbaresques et l’on mit cap sur la côte pour porter la bonne nouvelle aux seigneurs.

La fête succéda à l’angoisse et les chevaliers honorèrent l’esprit de décision et la victoire de ces épouses du grand chemin.

Je vous laisse imaginer les ébats et les caresses des deux couples. La nuit fut ardente tandis que la troupe au grand complet jouissait d’un grand repos, appréciable au vu des efforts fournis.

 

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