Tandis que son frère jumeau le cherchait à l’autre bout du monde, Céladon, berger attentif au bien être de son troupeau, rêvait près du Lignon, charmante rivière claire qui abritait des ondines amies.
Céladon ignorait son identité princière. Au palais, sa nourrice l’avait immédiatement aimé et l’avait emporté, s’en remettant au destin.
Sa sœur jumelle avait pris sa place, simulant le désespoir à la vue du berceau vide.
Les recherches se portèrent tout naturellement vers un prédateur étranger au palais, personne ne remarquant la substitution de la nourrice.
Pendant ce temps, Madeleine emportait l’enfant dans sa région natale, certaine de pourvoir à son bien être et à son bonheur.
« On n’est jamais heureux dans un palais ; il n’y a que des coups à prendre, Céladon chéri. Je te nomme ainsi car tes yeux de jade me l’imposent ». Elle chanta une berceuse et lorsqu’elle arriva à son point de chute, une jolie demeure confortable et cossue au milieu des fleurs, elle promit le paradis à l’enfant dans un milieu naturel dont la guerre était bannie. Tu seras berger, mon petit. Tu apprendras à gérer un troupeau. Nous récolterons le lait de nos brebis et tu m’aideras à faire le fromage que je vendrai au marché. Je mettrai des louis d’or de côté pour toi et lorsque tu seras en âge d’être marié, tu seras un beau parti et toutes les jeunes filles rêveront de devenir ton épouse ».
Cette belle romance berça l’enfant qui sourit sous les voiles de sa nacelle d’osier.
Céladon grandit et sa beauté était telle qu’elle devint légendaire.
Son nom parvint au palais. On parla de ses yeux de jade et ce détail émut la reine qui n’avait pas oublié la nuance océane des yeux de son fils disparu. Elle garda ce fol espoir au fond de son cœur et elle émit simplement le désir d’organiser un bal où l’on convierait les personnalités des terroirs avoisinants.
Elle chargea son conseiller de l’invitation d’un jeune berger nommé Céladon dont chacun célébrait la beauté, la sagesse et le talent.
Honoré de se voir invité au palais dont le rayonnement était considérable, Céladon profita de l’absence de celle qu’il tenait pour sa mère pour prendre la route. Prise de remords pour l’enlèvement de l’enfant, Madeleine avait éprouvé le besoin de partir en pèlerinage.
Céladon remit les clefs de la bergerie, de la laiterie et de la salle où l’on confectionnait le fromage à un homme sûr et partit gaiement, vêtu de sa plus belle tenue, pour le palais, lieu de sa naissance, ce qu’il ignorait.
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