Pour ne pas arriver les mains vides dans un lieu aussi prestigieux, Céladon avait emporté dans ses bagages un assortiment de ses plus beaux fromages, des parures de pierres de lune et de perles de rivière provenant du Lignon confectionnées les soirs d’hiver.
Ces cadeaux plurent beaucoup à la reine mais ce qui la plongea dans un état voisin de l’extase fut son regard de jade.
« Vous portez magnifiquement votre prénom, jeune Céladon et je serai honorée de vous avoir à mon bras pour passer à table » dit-elle affectueusement au berger qui rougit sous le compliment.
Par ailleurs, elle le remercia une fois de plus pour ses présents et elle orna ses lobes d’oreilles de jolies pierres de lune qui jetèrent un éclat opalescent sur sa silhouette royale.
Bouillon de perles du Japon, vol-au-vent aux écrevisses, poulardes farcies aux truffes circulèrent à la ronde. Les fromages de Céladon obtinrent un vif succès. Crémeux et fondants, ils procuraient un intense plaisir gustatif à celui qui en goûtait ! Tartes aux pralines roses, millefeuilles à la crème et pièce montée de choux caramélisés ornés de dragées ravirent les amateurs de desserts raffinés.
L’orchestre attaqua une valse et au grand étonnement de l’assemblée, la reine ouvrit le bal au bras de Céladon dont chacun se demandait la raison profonde de l’honneur qui lui était offert.
Pour faire bonne mesure, le roi Phébus invita une jeune baronne et les couples se formèrent, valsant sous les lampions colorés.
Céladon croyait vivre un rêve : « Je vais surement me réveiller se disait-il ; pourquoi me faire tant d’honneur ? Je suis un jeune homme ordinaire, un berger !
Tu es mon fils » lui dit soudain la reine et elle emmena Céladon dans son boudoir pour lui révéler ses origines.
Médusé, Céladon entendit la reine lui raconter le rapt de son fils au berceau. Sa bonne maman, Madeleine si aimante et attentionnée était donc la ravisseuse ! La raison de ses prières répétées et de son départ pour un pèlerinage lui apparut comme la preuve évidente de sa faute.
« Reine, je n’ose encore vous appeler Mère, avez-vous des preuves en dehors d’une ressemblance avec mon supposé frère jumeau et mes yeux aux éclats de jade ?
J’ai un autre indice lui dit la reine, j’ai remarqué, lors de notre danse, un grain de beauté en forme d’étoile sur ton bras : ton frère a le même » !
Le roi Phébus arriva sur les entrefaites, trouvant la conduite de son épouse étrange et déplacée : il souhaitait entendre de sa part une défense plausible !
C’est d’une voix embuée par des larmes qu’Ilona poussa Céladon vers son père en disant :
« Voici notre fils, tant aimé, tant cherché » ! et elle lui donna des précisions confirmant ce que son cœur de mère lui avait soufflé.
Les heureux parents serrèrent le jeune homme dans leurs bras.
Le roi fit ensuite une déclaration à la fin du bal. Il présenta Céladon comme le prince Théo qu’ils avaient tant cherché et pleuré. Il promit de donner une fête pour célébrer ses deux fils dès que le temps de l’émotion serait passé.
On envoya un message à Lorenzo par voie ailée, le priant de revenir au palais, son frère ayant été miraculeusement retrouvé.
La nuit étendit un voile de perles sur une famille éclatée et reconquise. Céladon quitta définitivement le prénom donné par sa ravisseuse pour devenir le prince Théo, digne fils et frère d’une famille apaisée.
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