Un matin, Fleur de lune aperçut un voilier s’approchant de la crique pour y mouiller. Elle fut frappée par la principale voile du navire qui arborait en son centre un énorme triskel, ce symbole celtique reposant sur les trois positions du soleil, le lever, le zénith et le coucher.
S’attendant à recevoir de la visite, elle prépara des bocaux de soupe à l’oignon rosé de Roscoff, un plat d’agneau cuit à la broche et des flans à la noix de coco.
Elle avait à peine terminé ses préparatifs qu’Erwan le valeureux pêcheur qui avait échappé à la tempête heurta le marteau en forme de main fixé sur sa porte pour signifier son amitié.
Fleur de lune découvrit avec bonheur le pêcheur qui avait une seconde fois franchi la barrière océane pour lui rendre visite.
C’était un homme de belle apparence. Ses cheveux bouclés étaient attachés derrière la tête par un ruban. Ce catogan lui allait à merveille, encadrant un visage aux traits réguliers ; il avait de beaux yeux bleus.
Il portait une vareuse blanche, un pantalon corsaire et des bottes.
Se débarrassant de ses bottes il chaussa des sabots finement décorés et entra chez celle dont chacun vantait les talents culinaires et artistiques dans le monde marin.
Il fit honneur au délicieux repas servi par son hôtesse puis lui exposa la raison de sa venue.
Il voulait tout d’abord la remercier d’avoir sauvé sa cargaison d’oignons en les valorisant de belle manière. Il rapportait une autre caisse ainsi que des denrées typiquement bretonnes congelées : kig ha farz, cotriade, galettes de sarrasin, crêpes fines, kouing amann de Douarnenez, gâteau breton. Il avait ajouté à ce pack gourmand de la vaisselle de Quimper dont les motifs variés et stylisés mettaient en valeur les scènes de vie paysanne.
Fleur de lune, subjuguée par ces œuvres d’art jura qu’elle s’en servirait au quotidien : « Présentées dans ces merveilleuses soupières, les veloutés d’oignons rosés de Roscoff et la cotriade de Douarnenez n’en auront que plus de saveur et que dire des crêpes et du kouign amann valorisant les plats à gâteaux ? Grâce à cette vaisselle de toute beauté, la Bretagne sera au cœur de cette terre jadis vouée aux cratères et aux rocs ».
Les remerciements de la jeune femme étaient d’une telle authenticité qu’Erwan empoigna sa harpe celtique pour interpréter un Tri Martelod convaincant :
« Trois jeunes marins, tra la la la
Trois jeunes marins s’en allant voyager
Conduits par le vent tra la la la
Conduits par le vent jusqu’à Terre Neuve
Près des pierres du moulin tra la la la
Près des pierres du moulin ils ont mouillé l’ancre ».
Sur cette romance évoquant l’histoire bretonne dans son essence profonde, Fleur de lune servit un merveilleux café en utilisant l’un des services venus de cette terre généreuse habitée par des personnes à l’âme noble.
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