lundi 3 juillet 2023

Des voleurs de chevaux à Fleur-lez-Lys


Alors qu’Alfredo se déplaçait avec lenteur, vivant d’aumônes et de plats offerts avec compassion par des femmes généreuses, les brigands s’étaient emparés du camp des gitans par surprise.

Solidement ligotés et bâillonnés, les hommes avaient été enfermés dans une cabane de pêcheurs tandis que les femmes et les enfants avaient été emmenés par les voleurs qui leur réservaient une sorte d’esclavage adaptée à leur condition, femmes âgées à la cuisine, jeunes femmes et adolescentes pour assouvir leurs bas instincts et enfants prévus pour une vente clandestine.

Le chef des bandits se réservait tous les droits à l’égard d’Elsa dont la beauté éclaterait à l’adolescence.

«  Tu seras ma femme, petite » lui disait-il en caressant ses boucles brunes avec toute la tendresse dont il était capable.

Elsa ne comprenait pas les paroles de cet homme inquiétant mais, d’instinct, elle se contentait de hocher la tête lorsqu’il lui posait une question précise et elle se gardait bien d’avoir une attitude qui pourrait traduire la répulsion ressentie face à cet homme dont les caresses frisaient l’indécence.

Fort heureusement, il fut interrompu dans ses investigations furtives par ses hommes qui réclamaient à manger.

Il dénoua sa ceinture et partit menacer les femmes qui préparaient une sorte de Bortsch avec les ingrédients dont elles disposaient.

«  S’ils ont faim, qu’ils viennent nous aider à remuer les morceaux de viande mijotant dans leur jus  pour qu’ils ne s’attachent pas » grommela la vieille Léonie, autrefois danseuse acrobate et aujourd’hui chef du groupe féminin pour imprimer la cadence.

Orson, le chef des bandits se retint à grand peine de lui infliger un coup de ceinture pour son audace et se contenta de lui dire des mots grossiers.

«  Magne-toi, la vieille, si tu ne veux pas goûter de mon ceinturon. Si ta popote n’est pas à la hauteur, tu viendras ramper à mes pieds et me sucer la bite jusqu’à ce que je te repousse pour poursuivre les ébats avec une jeunette qui me fera jouir ».

Pour toute réponse, Léonie plongea la louche dans la marmite et lui présenta un échantillon du plat dont elle avait le secret.

«  C’est bon, la vieille, je te garderai à mon service car si tu n’as plus rien de réjouissant, tu es une bonne cuisinière ».

Et pour faire bonne mesure, il envoya le plus jeune bandit, Andréas, pour aider à remuer la grosse cuillère de bois dans le plat brûlant.

Lorsque tout fut prêt, ce fut une belle fête.

«  Je n’ai jamais rien mangé d’aussi bon. Vivent les vieilles » ! dit Darius à la forte carrure.

Pour éblouir les femmes en faisant une démonstration de sa force, il empoigna la marmite et se gargarisa du fond de sauce qui s’était presque gélifié, la qualité du lard ayant produit son effet.

Ils burent du vin de Hongrie, du Tokay et se mirent à chanter jusqu’à tomber de fatigue, repus, rassasiés et drogués car la vieille Léonie avait pris soin de joindre au gingembre et au curcuma quelques herbes destinées à provoquer le sommeil.

Femmes et enfants s’enfuirent.

Léonie avait mémorisé l’emplacement de la cabane où l’on avait emmené les hommes de leur clan.

Elle avait pris soin d’emporter un couteau de cuisine et elle coupa aisément les liens qui les retenaient prisonniers.

La famille Romane au grand complet se glissa dans la nuit pour aller quérir du secours et obtenir un hébergement au bourg de Fleur-Lez-Lys où devaient arriver les chevaux achetés, pour partie, par Alfredo dont personne ne connaissait encore la tragique aventure.

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