dimanche 2 juillet 2023

Romane aux grands yeux noirs


Telle une fleur vêtue d’un calicot des Indes qui la recouvrait jusqu’aux chevilles ornées de bracelets d’argent, Romane marchait sur la route qui menait au bourg de Fleur-Lez-Lys, un panier contenant de la dentelle et des colifichets au bras.

En chemin, elle ne croisa qu’une biche et son faon et lorsqu’elle parvint aux abords du Catelet, le hameau de la commune, c’est avec entrain qu’elle frappa à la porte de la première maison pour présenter ses marchandises.

Ses dentelles étaient si belles et ses objets d’artisanat si originaux et jolis qu’elle réussit de belles ventes.

Nantie d’une somme respectable, elle s’installa à la terrasse d’un pâtissier-glacier et commanda un chocolat chaud avant de savourer une magnifique Dame Blanche, spécialité valenciennoise pour rester dans la note chocolatée.

Cette belle jeune femme aux grands yeux noirs ne passa pas inaperçue et la fleuriste reçut plusieurs commandes de roses rouges jusqu’à la rupture de sa réserve. Elle proposa d’audacieux bouquets de glaïeuls et de lys qui firent fureur auprès des prétendants à l’amour.

«  Il va me falloir une calèche pour emmener toutes ces fleurs sans dommage jusqu’à ma roulotte dit Romane au livreur de bouquets.

Qu’à cela ne tienne glissa Max qui passait par là, je vous emmènerai en voiture pour regagner l’étang quand vous le souhaiterez ».

Ils partirent sur le champ mais aux abords de l’étang, ils durent constater que le camp avait été levé et qu’il n’y avait plus aucune roulotte.

«  Qui a pris ma petite fille, ma petite Elsa ?

Vous l’aviez laissée seule ? dit  Max

Certes non, ma grand-mère Doria était auprès d’elle lorsque je suis partie ! Il s’agissait, pour moi, de gagner un peu d’argent afin d’apporter ma quote-part aux frais de notre grande famille.

Pardonnez-moi cette question indiscrète, vous n’avez pas de mari ou de compagnon ?

J’en avais un, certes, le bel Alfredo, c’est ainsi que tout le monde l’appelait.

Il y a quelques mois, il partit acheter des chevaux pour réaliser un numéro dans un cirque réputé ; il n’est jamais revenu et j’attends des nouvelles car je n’ai pas de doute sur sa sincérité ».

Un silence régna que Max mit à profit pour photographier les traces laissées pour l’établissement du camp et le départ, apparemment précipité, des roulottes et des caravanes.

Un objet attira l’attention de Romane, provoquant son anxiété : c’était Eglantine, la poupée chérie d’Elsa.

«  Elle ne l’aurait jamais laissée dans l’herbe dit-elle à Max en serrant l’amie d’Elsa contre sa poitrine ».

Max n’eut pas le cœur de lui retirer la poupée pour la glisser dans un sac, à titre d’objet-témoin.

Ces éléments faisaient penser à un enlèvement.

L’inspecteur Max Lambert proposa à Romane de l’héberger dans une charmante maison, la maison des contes, pour y attendre, en compagnie d’une journaliste et d’une gradée de la gendarmerie, en l’occurrence, Jade et Albertine, le retour de l’enfant chérie.

Romane accepta l’offre et c’est dans un parfum de fleurs qu’elle fit son entrée dans la charmante demeure d’Aurore, laissée aux bons soins de ses amies durant son voyage en Orient, expédition destinée à lui faire oublier une cruelle mésaventure.

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