Les fils de Pégase

Tandis que les futurs citoyens d’honneur de Fleur-Lez-Lys pansaient leurs plaies physiques et morales, fidèle à ses promesses et allant même au-delà, le maire Claude Vonarx inaugura un chantier destiné à inscrire dans la  pierre, le bois et le verre l’amitié vouée aux pèlerins des Saintes Maries de la Mer.

Kendji Girac était présent lors de la cérémonie et il se plia de bonne grâce au souhait émis par une majorité d’habitants en honorant la première pierre de son chant mélodieux, pérennisant l’identité fière de ceux qui avaient été mis à l’écart de la cité.

Chants et guitares réunis, ce fut un grand moment harmonieux de la fraternité.

Toute la commune de Fleur-Lez-Lys vota pour l’acceptation d’un projet d’extension de la cité avec la création d’un espace Elsa Triolet comprenant des bâtiments inspirés par des architectes soucieux d’insérer des logements dans un écrin naturel.

Roulottes et caravanes auraient leur emplacement réservé près de chaque maison.

Un terrain avec barbecue et four à pain serait praticable à tout moment.

Le luthier de la commune fit savoir qu’il mettait des instruments de musique à la disposition des artistes et la couturière s’inspira de modèles andalous pour réaliser de merveilleuses robes de Flamenco.

Un bonheur ne venant jamais seul, alors que chacun se félicitait des moments de gaieté qui se profilaient pour les jours à venir, le bruit des sabots de chevaux fringants se fit entendre et l’on vit apparaître la cavalerie d’Alfredo.

Le nom des chevaux qu’il avait choisis sur la route avant l’attentat revint à sa mémoire et il les murmura en voyant des cavaliers patentés, dresseurs en art équestre, surgir sur la place comme sur une piste de cirque.

Alfredo avait déterré la cassette de louis d’or qu’il avait cachée près d’un saule, au bord de l’étang.

Il paya largement les chevaux, arrhes déduites et naturellement frais de dressage des futures étoiles d’un cirque nouveau à qui il donnerait le nom de Romane.

La fête fut complète lorsqu’arriva un cavalier montant Geronimo.

Apprenant que le propriétaire du cheval avait été agressé par des bandits, l’acquéreur avait tenu à rendre ce beau cheval à Alfredo dont l’histoire contribua à créer une légende.

Geronimo plia les jambes devant Alfredo et ce dernier embrassa l’étoile qu’il portait sur le front.

Il rétribua largement l’honnête citoyen qui lui avait rapporté plus qu’une monture, un ami fidèle.

Les fils de Pégase rejoignirent l’écurie qui leur était destinée et ils trouvèrent un box adapté à leur fougue.

Une tente fut dressée sur les rives de l’étang et l’on festoya longuement pour marquer l’aube d’un temps nouveau.

Extrait de Oh, prends mon âme interprété par Kendji Girac :

«  Voici l’aurore

D’un jour nouveau,

Le ciel se dore

De feux plus beaux ».