Embellissements de l'île noire

Les embellissements allaient bon train dans l’île qui ne pouvait plus porter le nom d’île noire tant les fleurs avaient jailli du sol ameubli par les dragons.

Des champs de lys, de cyclamens et de tulipes royales s’étendaient à l’infini.

Althéa créa une volière où les oiseaux pouvaient aller et venir à leur guise, une roseraie et un pavillon d’amour.

Le prince Solal, son époux, aimait l’y inviter et ils passèrent des nuits passionnées inoubliables dans ce nid d’amour enchanteur.

Pervenche et Pétunia, des jumeaux, naquirent, apportant au couple princier la touche supplémentaire de l’amour conjugal.

De leur côté, Orion et Mélissa devinrent les bienheureux parents d’une petite Liseron et d’un prince Muguet.

En grandissant, les enfants trouvèrent leur place en s’adonnant à un art particulier.

Pervenche avait hérité des dons de sa mère et elle aimait dessiner et broder, concrétisant son imaginaire en façonnant des objets en porcelaine qu’elle décorait ensuite de motifs floraux.

Pétunia avait une préférence pour les arts martiaux. Il s’entraînait avec les enfants des chevaliers ayant pris femme dans les îles environnantes.

Muguet adorait la natation et il affrontait les vagues avec l’aisance des animaux marins qui l’escortaient en produisant des bonds prodigieux.

Liseron avait opté pour les arts culinaires et elle suivait passionnément les instructions de Graziella, chef renommé au point que l’on venait des îles voisines solliciter une recette en faisant sonner des pièces d’or.

Liseron devint suffisamment experte pour seconder activement Graziella. Elle notait soigneusement les recettes de la cuisinière puis elle se lança dans la création de plats originaux mettant en valeur les fleurs de l’île et les produits du potager.

Pour fêter les embellissements de l’île et la réussite créatrice de leurs adolescents, les heureux parents décidèrent de donner un grand bal auquel seraient conviés les habitants des îles voisines aimant le divertissement et la gastronomie.

Liseron promit de concevoir des plats fabuleux pour garnir le buffet. De son côté, Graziella  réaliserait des mets prestigieux, dignes d’une noce flamande.

Chacune œuvra avec intelligence, secondée par une armée de marmitons dévoués. Lorsque le buffet fut prêt, des cris enthousiastes saluèrent le résultat des efforts déployés.

Pervenche avait disposé de magnifiques pièces de porcelaine. Des fleurs en bouquets ornaient des vases ou jonchaient la nappe de lin brodée par ses soins.

Pétunia promit de proposer un intermède en luttant avec un amateur d’art martial.

Ainsi préparés, les hôtes attendirent la venue de leurs invités tandis que l’orchestre se livrait à des répétitions pour qu’aucune fausse note ne vienne ternir cette soirée que l’on souhaitait mémorable.