samedi 24 août 2024

Si un ange m'était conté



Dans sa mansarde dont le seul bien précieux est une tapisserie représentant un ange évoluant dans un ciel bleu, Gabriel attend le retour de sa mère qui travaille durement dans les champs pour le nourrir. On ne la paie pas suffisamment pour le vêtir alors elle se contente de rapiécer des vêtements usés qu’on lui donne par charité.

Ainsi vêtu comme un Arlequin de campagne, il est l’objet des quolibets de ses camarades d’école qui ne lui pardonnent pas ses bons résultats en classe, lui, le pauvre, celui qui doit noircir ses ongles en arrachant les pommes de terre de leurs domaines. Il doit aussi couper les ronces et les orties et on le surveille pour qu’il ne chaparde pas les fruits tombés des arbres : malheur aux pauvres !

Gabriel lit et relit l’unique ouvrage de la maison, une bible abîmée, encore un cadeau de riches qui ne pensent pas offrir un objet de qualité. Un enfant a griffonné quelques pages, s’amusant à colorier le nom des prophètes, sacrilège qui ne lui a valu aucune réprimande : la bible sera donnée à la malheureuse qui se casse l’échine en exécutant les travaux rebutants dont ils préfèrent se dispenser.

L’attente d’une mère qui de toute manière reviendra si fatiguée qu’elle ne pourra pas cuisiner le moindre plat et qu’elle ne lui donnera pour tout souper que des pommes tombées de l’arbre et du pain sec, oblige l’enfant à fermer les paupières et à rêver d’un monde meilleur.

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