mercredi 28 août 2024

Rose-Amour




Les invités furent éblouis en apercevant la reine de la fête.

Rose-Amour portait une robe qu’elle avait créée du début à la fin à la manière de Coco Chanel aux doigts de fée.

Rompant néanmoins avec la conception de la reine de la mode qui donnait la priorité au confort et à l’aisance, Rose-Amour avait conçu une robe qui la faisait émerger d’une corolle de soie comme une fleur vivante.

Elle avait un port de reine. Sa vue produisait un double effet sur la gent masculine : sa beauté, quasiment irréelle et féerique, doucha littéralement l’espoir de briller. «  Ver de terre amoureux d’une étoile », ce vers fameux du Ruy Blas de Victor Hugo peut résumer leur ressenti.

Les jeunes prétendants s’inclinèrent avec déférence devant la star de l’île mais s’ingénièrent à trouver une jeune fille, jolie, pimpante, à leur portée pour entamer l’amorce d’une idylle.

On festoya, on fit honneur aux délices préparés dans les cuisines en grand secret, Vol au vent de volaille ou d’écrevisse, tourte farcie de viandes hachées, marinées et épicées, cochon de lait cuit à la broche et poisson de rivière rôti sous la cendre, glacé avec des amandes et une sauce citronnée réjouirent les invités qui souhaitèrent la présence d’  un trou normand et d’une pause avant de savourer le dessert tout aussi remarquable que les plats principaux.

Rose-Amour s’éclipsa à ce moment de repos, changea de tenue pour se mouvoir avec aisance.

Coco Chanel a mille fois raison pensa-t-elle. Au diable les créations qui vous coupent le souffle et vous empêchent de marcher.

Elle se dirigea vers le bord de mer et se rendit dans une crique où elle aimait observer le vol des oiseaux.

La dune où elle avait coutume de s’asseoir était occupée par un jeune homme qui écrivait un poème.

Rose-Amour déchiffra le début du sonnet : «  C’est un rêve et je valse à l’entour des grands chênes ».

«  Je suis la princesse Rose-Amour et je m’étonne, noble étranger, de ne pas vous avoir vu à la table préparée pour fêter ma dix-huitième année » dit-elle aimablement au jeune poète.

«  Pardonnez-moi, Princesse Rose-Amour, si belle que le poète Pierre de Ronsard serait resté muet à votre vue, je ne suis pas venu m’incliner devant vous, me trouvant indigne de votre irréelle beauté. Permettez-moi de me présenter : Je suis le prince Jour, je viens d’un royaume qui a sombré dans la guerre et les cataclysmes engendrés par l’irruption de volcans que l’on croyait éteints. Dans ces conditions, héritier d’un royaume en piteux état, j’ai jugé préférable de ne pas me montrer et de rêver, en poète amateur, de l’inestimable fleur dont vous êtes le symbole ».

Rose-Amour lui fit remarquer que Jour rimait avec Amour et elle pria son admirateur discret de participer à son repas d’anniversaire.

«  Je vous présenterai à mes parents qui se feront un devoir de vous venir en aide. Mais, en attendant ces moments réparateurs, fêtons mes dix-huit ans si vous le voulez bien » !

Les jeunes gens rejoignirent le groupe d’invités en devisant aimablement, rivalisant en créant des vers impromptus.

Le prince Jour préféra s’en tenir à un potage préparé pour le personnel, mangea une part de poisson de rivière et enchaîna avec les pâtisseries qui amorçaient la clôture du repas : pastilla à la rose, babas au rhum, macarons aux mille parfums et pièce montée de choux à la crème caramélisés surmontée de l’effigie de la princesse en pâte d’amandes.

C’est ainsi que commença l’idylle nouée dans une crique de la

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