dimanche 25 août 2024

Retour à Mortefontaine

 

 

 


 


Ragaillardi par une nuit sans nuage, Gonzague mange de bon appétit le petit déjeuner préparé par l’ermite, œuf à la coque, bol de chicorée au lait et au miel, tartines de pain beurrées.

Quelques fruits pour la route, bénédiction de Bernard, l’ermite au grand cœur, Gonzague reprend la route, muni d’un tracé qui doit le conduire sans encombre à Mortefontaine.

Pendant ce temps, la duchesse Aude reçoit un message par le biais d’une tourterelle lui révélant le retour de son époux.

Branle-bas dans les cuisines. Célestine, la cuisinière en chef, mobilise ses brigades pour l’élaboration d’un festin hors du commun.

«  Le duc est de retour » ! Ces simples mots galvanisent les participants.

Aude approuve le menu : Bouillon de volaille, chevreuil aux fines herbes, sauté de tubercules du potager, saumon cuit à la vapeur, rafraîchi et glacé au miel, aux amandes et aux citrons confits, jardinière de légumes et enfin, une farandole de pâtisseries traditionnelles.

Il n’aura peut-être pas faim songe Aude qui tremble à la perspective de retrouver un époux meurtri, diminué, loin du fier guerrier qu’elle a connu et aimé.

De fait, la vue de son heaume cabossé et de son manque d’équipage plaide pour la triste réalité : Messire Gonzague n’est plus que l’ombre du valeureux chevalier redouté par tous.

Elle se précipite pour l’accueillir, les voiles de son hennin volant comme le signe annonciateur d’un renouveau nuptial.

Gonzague lui baise le front et l’assure que sa pensée n’a jamais dévié et qu’il lui est resté fidèle.

Aude embrasse la main burinée et couverte de cicatrices puis, dans la salle d’accueil du château, elle lui ôte son heaume et le débarrasse de son armure.

Elle ordonne qu’un bain parfumé soit préparé pour son époux et demande que des vêtements d’apparat soient mis à sa disposition pour qu’il retrouve une apparence ducale.

Elle passe elle-même l’éponge sur son corps fatigué, l’enduit d’onguents destinés à nourrir un épiderme malmené et parfume son mari d’essences florales qui éloignent la noirceur des combats menés lors de cette guerre interminable et absurde.

Elle résiste au désir de s’allonger à ses côtés dans l’alcôve de leurs amours et l’incite à prendre un peu de repos avant de se restaurer.

«  Il y aura, cher époux, tous les mets qui vous enchantaient. Puissent vos goûts ne pas avoir changé » !

Gonzague l’assure de la pérennité de ses goûts et s’endort presque instantanément, savourant la blancheur et la douceur de beaux draps brodés.

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