Tous les commissariats et toutes les gendarmeries de la commune et de la région présentèrent une photographie de Wolfgang le fauconnier, signalant sa dangerosité et promettant une récompense à toute personne détenant un renseignement.
Il y eut surabondance de témoignages et l’on conclut de toutes les déclarations recoupées que nul ne l’avait vu depuis la fugue de Magdalena, ce qui faisait du fauconnier un coupable plausible.
Par ailleurs, Cordélia fit spontanément des aveux lors de son interrogatoire.
Elle avait connu dans sa jeunesse un jeune homme fougueux qui cherchait un mode de vie conforme à ses aspirations : il s’agissait de Wolfgang.
Elle avait cru en lui, en était tombée amoureuse et l’avait aidé à mettre au point sa prestation de fauconnier.
Mais elle avait vite déchanté. Le jeune homme romantique s’était mué en bête sauvage et elle l’avait soupçonné de violer d’innocentes jeunes filles rencontrées lors de ses spectacles.
Il avait disparu de sa vie et en voyant venir Magdaléna, blessée et déflorée, elle avait tout de suite reconnu la marque du prédateur.
Cordélia signa sa déclaration et fut reconduite dans son foyer. Par mesure de sécurité, deux policiers s’installèrent chez elle.
Wolfgang semblait s’être volatilisé.
On élargit les recherches au pays entier puis, à bout de ressources, on confia le dossier à Interpol qui diligenta la traque d’un présumé violeur.
On apprit ainsi que Wolfgang n’était pas un inconnu. On ne lui connaissait pas d’affaires de viol proprement dites mais on apprit, de source sûre, qu’il appartenait à une mouvance fondée sur la violence, l’anarchie et la haine d’autrui, connue sous le nom de Loups gris.
Il serait difficile de le localiser, cette mouvance fasciste se spécialisant dans l’art du camouflage.
On se rassura en pensant qu’il ne serait pas stupide au point de revenir sur le théâtre de ses exploits.
Le réseau dormant chargé de l’affaire ne faiblit pas d’un iota et l’on guetta le moment où il baisserait sa garde et tomberait dans un piège tendu par les spécialistes des brigades internationales.
Magdaléna connut un temps de répit. Elle revint chez elle après un séjour en clinique où on la soigna corps et âme.
Ses parents l’emmenèrent à Lisieux remercier la sainte qui lui avait sauvé à défaut de la préservation de sa virginité.
Une collecte avait été lancée pour payer les frais du voyage et une somme rondelette permit l’acquisition d’une médaille de Sainte Thérèse en or massif.
Sensibilisé par le drame de la jeune fille, le recteur d’académie offrit à la jeune rescapée le recours à un précepteur qui l’aida à franchir, une à une, les marches du savoir.
Spécialisée en psychologie, Magdaléna dispensa des cours en université et garda de sa fugue dramatique le côté solaire de l’épisode, la conquête du savoir et la réalisation d’une belle carrière.
Elle eut le bonheur de récompenser ses parents en leur achetant une jolie maison et elle garda des liens amicaux avec Cordélia.
Les loups se mangent parfois entre eux se disaient-elles pour se rassurer mais elles restèrent toujours sur leur garde, craignant de voir revenir le fauconnier, avide de chair fraîche et animé par un désir de vengeance.
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