vendredi 20 décembre 2024

Le bal des roses ardentes

 


Un somptueux buffet ombragé par des orangers et des citronniers où alternaient délices d’orient et plats traditionnels, cotriade, bouillon de volaille, pâtés en croûte et salades composées, attendait les invités.

Des tables rondes installées sous les charmilles de roses présentaient des desserts variés et des fruits savoureux.

Chacun trouverait de quoi se sustenter entre deux séries de danses orchestrées par des musiciens experts.

Une jeune femme fit sensation à son arrivée : elle était à la fois sculpturale et modeste. Sa longue chevelure aux reflets solaires était son unique parure. Elle cascadait en vagues ondulées sur son fourreau de satin rose brodé de fleurs des champs.

« C’est une fée océane » se dit Younès et il l’invita à ouvrir le bal dans ses bras.

Parfumée au patchouli et à l’essence de rose, la belle Soraya se laissa guider par le prince qui retrouva ses vingt ans à son contact.

Oubliant les monuments de la Littérature qu’il avait sans cesse à l’esprit, il lui murmura à l’oreille «  Jolie fée, vous avez pris mon cœur ».

Pour toute réponse, Soraya sourit et, la Pavane achevée, elle exprima le désir de se rafraîchir.

Esquivant le buffet où se pressaient de nombreux invités, Younès choisit une table proche du bord de mer et demanda qu’on leur serve un assortiment des plats les plus raffinés.

Soraya apprécia le bouillon aux perles du Japon, le pâté en croûte et la salade aux capucines.

Un croquembouche à la chinoise et des coupelles de crème à la rose furent le point d’orgue de ce repas exquis.

Le couple se dirigea ensuite vers la plage éclairée par le soleil couchant.

Assis sur un banc, Younès et Soraya restèrent longtemps silencieux, nimbés par le rouge passion de l’astre.

Le cœur empli d’amour, Younès ne trouvait aucun mot digne de la jeune femme qui restait silencieuse à ses côtés.

Soraya posa sa jolie tête sur l’épaule de Younès et ce geste la rendit infiniment désirable, précieuse fleur cristalline qui rappela au prince les porcelaines délicates de Chine.

Une chanson ancienne et intemporelle s’échappa des lèvres de Younès. Il enlaça Soraya et l’emmena sur le sable mouillé pour y danser.

«  Séléné, ma mère, tu m’as offert, avec la vie, le cadeau inestimable qu’un homme puisse recevoir, un don d’amour, fleur devenue chair et notes stylisées d’un chant millénaire et précieux ».

Un carrosse aérien tracté par des aigles déposa sur la grève une femme d’une éblouissante beauté.

«  Younès, mon fils, je savais que tu accomplirais des exploits lorsque mon plus fidèle serviteur t’a déposé sur les marches du palais de Yasmine, jadis fée des sables et aujourd’hui, grâce à toi, fée des roses ardentes.

Je suis venue couronner ton épouse ».

Séléné déposa délicatement sur les beaux cheveux de Soraya un diadème croissant de lune incrusté de topazes, de saphirs et de diamants puis elle disparut dans un halo vaporeux couleur safran.

Main dans la main, les fiancés reprirent leur place au cœur de la fête.

L’orchestre attaqua les plus beaux airs tsiganes.

Les yeux noirs eurent un vif succès et pour fêter les fiançailles de son fils adoptif, Yasmine improvisa une danse du châle dans une envolée de roses ardentes qui rappelèrent à chacun que le temps d’aimer était venu.

 

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